Difficile. C'est le mot qui me vient à l'esprit lorsque je songe à ce film, un visionnage long, compliqué, exaspérant, une véritable torture sonore et visuelle.
J'avais des attentes concernant ce long métrage mastoc de mastoc (2 heures et 57 minutes en noir et blanc, en version originale, donc la langue de Dostoïevski, sous titré français) concernant comment il allait mettre en place une planète parallèle à la notre, restée au stade médiéval, donc un monde avec pour valeurs l'ignorance, la mauvaise hygiène de vie et la barbarie, et comment faire évoluer des personnages dans un tel monde.


Sur ce, visionnage. Et le fait est que le film fait bien son travail sur ce côté là, le dégoût et le morbide, peut être même trop bien... Le choix du noir & blanc ajoute un côté malsain aux personnages et leurs actions, ainsi qu'aux lieux dans lesquelles ils prennent vie.
Pendant près de trois heures, il y a de la boue, de la fiente de pigeon, de la morve sous une teinte grisâtre et glauque, tout est mis en place afin de nous faire voir la décadence et la misère dans laquelle vivent les héros du film. Héros aussi misérables et sordides que leur univers, où la science n'a pas sa place, où l'intelligence, devenue crainte et différence, est un motif sérieux pour se faire buter. Ces personnages, dignes représentants de l'ignorance et de la saleté, entament des dialogues complètement illogiques (il n'y a aucune réelle conversation dans ce film) et vulgaires tout au long du film, ont des soucis pour uriner ou encore se tartinent la figure avec je ne sais quel fluide peu noble. Et ceci pendant des plombes, certaines scènes sont monstrueuses de débilité et d’aliénation, longues à souhait et complètement dispensables.


Mais ce voyage dans la boue et les excréments en valait il la peine me direz vous ? Eh bien non.
Pourquoi ? Parce qu'au bout du voyage il n'y a rien. Quel est le but finalement ? Aucune réflexion soulevée, les enjeux ne sont pas à la hauteur du monde décrit ici. Peut être le livre était-il plus poussé dans sa vision de l'humain dans un tel monde, mais l'adaptation cinématographique se contente juste de montrer le poisseux et le dégueulasse, il se cantonne au visuel, qui reste néanmoins un travail à saluer au sein de l'oeuvre, tellement malsain et sale qu'il paraît plus vrai que nature et n'inspire que l'envie d'éteindre la télévision.
Le défaut monumental du long métrage, c'est qu'il n'y a pas d'histoire à proprement parlé afin de compenser l'affreux visuel, ce film est un film sans scénario, une coquille vide. Un vide intersidéral, accru par des incompréhensions et des incohérences qui paument littéralement le spectateur. Peut être est ce la finalité du film, peut être que celui ci veut dérouter le public, le faire sentir aussi perdu dans un monde violent et ignare que les personnages, mais personnellement, ce procédé m'a laissé de marbre. On se perd avec tous ces noms, toutes ces barbes, toutes ces armures, aucun personnage n'est marquant et sert de repères, de même pour les lieux, qui sont tous pauvres, désolés et grisâtres, et ce manque de repères fait que le visionnage devient au fur et à mesure de plus en plus atroce.
Je n'ai d'ailleurs pas vraiment compris pourquoi le "Don principal" (appelons le comme ça) se mettait tout d'un coup à faire un riff de jazz, avec un saxophone, dans un monde supposé resté à l'ère moyenâgeuse... Des incohérences faisant ce ce film une oeuvre incohérente bourrée d'incohérences n'ayant aucune cohérence avec son incohérence. C'est grave.


Terrence Malick filmait la beauté et ça compensait les faiblesses narratives de ses œuvres, mais celles ci avaient un scénario ! Ici, Guerman filme le repoussant, le sordide et le dégoûtant, il le fait bien,certes, mais il filme tout cela sans réelle histoire derrière ce déferlement de laideur et de crasse, sans réelle moralité ni réflexion soulevée.
Si la vision du cinéaste était simplement d'exposer un monde totalement arriéré, ignorant et cruel, un genre de dystopie médiévale et n'avait pas d'autre ambition que de montrer de la crasse et de la matière fécale, un court-métrage aurait amplement suffi.

Tom-Bombadil
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le 17 janv. 2018

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Tom Bombadil

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