Il est difficile de ne pas être trop virtuose
Dubitatif je suis. D'un côté, c'est le plus beau film sur la merde que j'ai jamais vu, de l'autre, au bout d'une heure, on commence à avoir compris que le film sera toujours la même scène répétée pendant deux heures trente, donc on regarde un peu sa montre, on regarde les images; ça bouge; il y a un type qui en cogne un autre sans raisons; il y a un type qui s'étale de la merde sur la gueule ; il y a un mongoloïde crasseux qui regarde la caméra ; il y a une corde qui bouche le champ dans ce bordel généralisé, et qui se fait asperger de fiente ; et ça recommence, un autre type s'est fait buter.
Le chaos reprend, sans fin. Aucune scène ne se démarque vraiment de la précédente, sauf peut être les deux scènes où le Don joue de la flute.
C'est sympa, parce que c'est quand même assez hypnotique, les deux heures trente passent assez bien, mais on se demande quand ça va s'arrêter, parce que c'est pas plus éprouvant que ça à regarder, il n'y a aucun personnage, sauf le héros qui est assez classe dans son armure, et qu'il n'y a pas les dialogues un brin méta sur la condition divine auxquels je m'attendais en voyant le titre. Apparemment, c'est sensé vouloir dire un truc sur l'espèce humaine, mais si c'est le cas, je trouve ça tellement con que je penche plutôt pour le délire de faire un film sur la boue. Parce que la parabole est lourde, trop évidente, pas intéressante. Et ce n'est pas assez éprouvant, juste une vision caricaturale du Moyen Âge. Enfin, c'est dommage quand même.
Pourquoi ne pas avoir stoppé un peu les plans séquences, pourquoi ne pas arrêter ce chaos artificiel (parce qu'au centième moment où la caméra se retrouve collée au gantelet du type où à une corde à la con qui bouche le champ, on commence à trouver ça ultra artificiel), pour que l'on finisse par se sentir choqué par les images, pour que l'on arrête de se dire à chaque seconde que c'est du cinéma.
Bref, c'est vide, mais c'est unique. Parce que c'est 2h30 de merde. Parce que c'est beau.
Mais, j'aurais aimé être conquis. J'aurais aimé voir des hommes là dedans, et pas juste des figurants subissant les fantasmes d'un réalisateur.