O fameux fatalisme russe quand tu nous tiens. Oui c'est cliché de dire cela sur le moindre film russe, surtout s'il recrée des scènes de Moyen Age en noir et blanc. Pourtant force est de constater que c'est la cas ici. Le personnage principal lui même nous dit, d'une part, que si le Créateur éliminait les forts qui tyrannisent les faibles, alors les plus forts parmi les faibles prendraient leur place, et d'autre part, que tuer les puissants ne sert à rien car tout recommencerait ensuite et qu'au final il faut s'y faire ! On peut difficilement faire plus fataliste.
Il y aussi dans ce film, ce noir et blanc persistant, ce jeu extravagant des acteurs, cette précision du cadrage qui nous rappelle que ce cinéma ne se défait pas de l'héritage d'Eisenstein. Par son parti pris de ne filmer que des scènes de manière plastique, de peindre des tableaux presque en aplat, il fait également penser à un film comme Bruegel, le moulin et la croix
Comme il a été noté dans d'autre critiques sur ce site, l'image est constamment remplie. Le désordre est permanent. Il y a même fréquemment des actions à l'avant-plan et à l'arrière plan. Tout cela simultanément lors de longs plan-séquences. Il n'y a pas que Birdman dans la vie.
On nous parle également sans cesses de castes : les Noirs, les Gris, l'Ordre. Quel est leur rôle respectif ? Difficile à dire. Il y a des barons. Il y a des esclaves. Il y aussi un homme enchaîné depuis ses trois ans. Depuis si longtemps que lorsqu'on le détache, il en meurt. Symbolique de notre société d'esclaves au travail, qui est perdu à la retraite ?
La dernière chose remarquable dans ce film est les fluides de toutes sortes. Comme si l'histoire souhaitait nous montrer à quel point les fluides se mélangent les uns avec les autres. Le lait, l'urine, le sang, le sperme et surtout cette boue, toujours présente, obsédante. Les fluides de vie se vident constamment et se mêlent avec les fluides de mort, les eaux stagnantes et saumâtres, la boue, toujours elles.
Une œuvre assez singulière même si elle peut rappeler d'autres films russes, dure à juger, difficile à noter. Pas indispensable et pas divertissant non plus, mais à voir si on a rien vu de tel auparavant.

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le 17 mars 2015

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Fiuza

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