Titre pourri, pitch qui ne m’avait pas emballé plus que ça et surtout des retours d’amis qui me disaient « oui, y’a de bonnes idées mais il manque quelques chose... » Finalement c’est presque au dernier moment que je me suis risqué à donner une chance au sympathique Richard Curtis, et j’aurais eu bien tort de ne pas le faire. Parce oui – c’est vrai – il est loin d’être parfait ce film : beaucoup de pistes non explorées m’ont frustré, beaucoup de guimauve m’a parfois un peu sorti du film et surtout, bien des fois j’ai trouvé que le film se contredisait lui-même avec son concept, se prenait les pieds dans le tapis, et ne faisait pas forcément accomplir à ses personnages les choix les plus logiques... Mais bon, moi, en toute honnêteté, je m’en fous. Je passe au-dessus de tout ça parce que, à côté de toutes ces petites « imperfections » il y a aussi de l’audace, de la sympathie, et aussi et surtout de remarquables pistes ouvertes. Le film aurait pu se limiter à la simple bluette dotée d'un concept certes original mais à la tonalité finalement bien classique et pourtant non : il pousse son concept plus loin ; il le transpose au rapport au proche, à l’ami, à la sœur, au père, à ceux qui ne sont pas encore là mais qui feront aussi partie de la vie... Pour moi, la dernière demi-heure donne vraiment tout son sens à la démarche d'ensemble. D’une simple astuce scénaristique pour pimenter une romance classique, Curtis parvient à en faire un outil narratif brillant qui – à mon sens – remplit parfaitement la mission difficile qui lui a été confiée : savoir offrir une vision extraordinaire d'événements pourtant ordinaires. Au final le propos est simple mais il est puissamment sincère, et c’est ça qui a fait qu’il m’a touché profondément...
(Personnellement : le moment de la dernière partie de ping-pong ou de la petite balade finale parmi les petits moments joyeux de la vie m'ont refilé les larmes aux yeux)
Et moi j’aime ça quand un gars arrive comme ça, sans te prendre de haut, sans vouloir en faire trop et de te livre un film certes pas révolutionnaire mais limpide dans son intention et généreux dans sa sincérité. Après on peut trouver ça trop mielleux, trop gentil, trop bisounours... Moi-même, à force de le voir, je commence vraiment à être gonflé par ce comportement "la norme qu'est-ce que c'est cool ! Il n'y a vraiment que du bonheur et des rayons de soleil dans la vie d'un couple et dans l'éducation d'un enfant !" D'ailleurs, à bien y penser, c'est vraiment le seul défaut que je n'arrive pas à pardonner au film tant il me crispe à chaque fois que j'y suis confronté. Parce que pour le reste, ça passe. Et ça passe tout simplement parce que je trouve ce film VRAI. Non pas vrai dans sa manière de présenter la vie, l'amour, la relation, mais vrai dans sa démarche, dans son propos. Le pire, c’est que plus j’y réfléchis, plus je me dis qu’entre les mains de milliers d’autres réalisateurs, ce discours glorifiant le moment ordinaire et la vie normale m’aurait fait gerber ; sortir du film... Mais entre les mains de Richard Curtis, je me rends compte à quel point ce que raconte une histoire est superflue et que tout ce qui compte en définitive, c'est la manière dont elle est racontée...