Paysages grandioses, acteurs magnifiques, scénario aux petits oignons, musique emblématique, une scène d'introduction légendaire qui justifie à elle seule le statut culte de cette pellicule. Il était une fois dans l'Ouest est un pur chef d'oeuvre, peut être moins jouissif que Le bon, la brute et le truand, mais porteur d'un propos lourd de sens inaugurant la trilogie "Il était une fois..." de Sergio Leone.
Car là où la trilogie du dollar ressuscite le genre du Western en établissant les codes Spaghetti, Il était une fois dans l'ouest, vingt trois ans avant Impitoyable s'inscrit lui comme l'épilogue de cette époque sauvage et violente. Avec le ruban de fer traversant ces contrées reculées pour rejoindre le pacifique, c'est le progrès implacable qui s'installe, écrasant tout la mythologie existante sur son passage. L'argent est plus puissant que le plomb, la sophistication perverse supplante la brutalité pure, l'honneur n'a plus grand chose à faire dans les affaires marquées au fer rouge du dollar. Et dans cet univers en pleine mutation, un projet de vengeance suranné persiste, telle une balle perdue se désespérant de terminer sa course.
Henry Fonda est la pierre angulaire de ce film, incarnant le personnage de Frank, tentant vaille que vaille de se recycler dans une époque qui le repousse. Un peu empoté, un peu ballot dans sa volonté naïve de devenir un homme d'affaires, il inspire une forme de pitié, subjuguée par ce duel final où l'on découvre via une porte ouverte sur le passé l'homme assuré et parfaitement satisfait de lui même, au sourire éclatant dans la torture qu'il inflige...
Il était une fois dans l'ouest, c'est un portrait volontairement un peu gauche de figures, d'archétypes du Western (Spaghetti), s'offrant un baroud d'honneur poignant sur un air d'harmonica...