Il y a dans « Il était une fois dans l'Ouest » tout ce qu'il me faut pour prouver à qui ce soit que la profondeur d'un homme ou d'une femme, d'une histoire passée ou à venir, ne réside pas dans la quantité de choses qui est dite, mais dans ce qui se dégage de chaleur humaine, de ce contexte crédible où les constructions de chemins de fer laissent entrevoir la chevauchée crépusculaire des capitalistes, où l'image que renvoie chaque personnage est idéalisée par la caméra parfaite de Leone... et de même pour de simples figurants qui expriment ce souci du détail d'un réalisateur comme le serait un peintre pour son tableau.
Cette fresque épique implique tant de secousses émotionnelles sous-jacentes, des uns et des autres, se rejoignant pour d'ultimes confrontations énigmatiques. Le serrement de coeur d'une jolie créature féminine, le traumatisme d'un bonhomme sans-nom, l'austérité d'un Fonda dont le visage se fond dans l'écran comme le stoïcisme caractéristique d'un cycle américain fondateur.
Et le Cheyenne... ses émois nostalgiques et sa dégaine nonchalante en font le meilleur des bandits. Dès sa première apparition, il démontre toute la réussite du montage : les jeux de rythme et les chutes mélodiques contribuent à un duel de santiags qu'on ne voit pas toujours mais qu'on entend.
Revoir ce film, c'est comme recevoir une balle de revolver ! La sensation qu'elle te touche à chaque fois en plein coeur. Il ne suffit pas seulement d'en survivre, mais d'en ressortir plus fort. Comme l'Harmonica.