Le Western est un peu méprisé. Certes, les professionnels du cinéma reconnaissent quelques westerns comme des chefs d'œuvres, mais globalement le genre est considéré comme un sous-genre, d'autant plus qu'il se fait de plus en plus absent ces derniers temps. J'ai personnellement été toujours stupéfait de ne pas avoir vu de films réalisés par Sergio Leone dans le top 100 de l'American Film Institute (et qu'on ne vienne pas me parler de la nationalité américaine obligatoire, des œuvres britanniques comme Lawrence d'Arabie figurent dans cette liste).
Et si un western de Sergio Leone méritait d'y prendre place, c'est bien Il était une fois dans l'Ouest. Est-ce son meilleur western ? Je n'en sais rien, je n'ai pas vu les autres, du moins pas complètement. Par conséquent, il m'est impossible de comparer. Toutefois, je peux affirmer sans aucun complexe qu'il s'agit d'un grand chef d'œuvre.
C'est d'autant plus spectaculaire que le scénario de ce film n'est finalement pas si complexe que ça. On pourrait dire avec mépris que ce scénario tiendrait sur une feuille de papier. Sans aller jusqu'ici, il faut avouer qu'il est extrêmement simple en soi : une histoire de vengeance et mêlée à des conflits d'intérêts tournant autour d'une « petite maison dans la prairie ».
Sauf que le réalisateur de ce film n'est pas n'importe qui. Et en regardant ce film, on s'aperçoit que la raison de son succès ne réside pas dans son histoire, très classique, mais précisément dans la façon dont elle est racontée. Leone veut tout simplement déconstruire le western traditionnel. Ainsi, dans le rôle de l'une des pires fripouilles de l'ouest, tueur d'enfant et tireur sans pitié... Henry Fonda ! C'est-à-dire le bon juré de 12 hommes en colère, le brave type, le gars sympa du western traditionnel ! Et bien sa première apparition le montre en train de mettre à mort un enfant de 10 ans. OK, on a compris, on est pas là pour rigoler.
Tout le monde a déjà parlé du casting. Pour moi, je le trouve sans défaut. Mention spéciale à Jason Robards (alias Cheyenne) et Charles Bronson (Harmonica, l'un des personnages les plus classes du far-west). Claudia Cardinale est elle aussi excellente, froide, mais aussi forte et très humaine. Un personnage qui tente simplement de survivre dans un environnement hostile à son sexe.
Mais ce qui fascine dans ce film, c'est avant tout sa mise en scène. Ici, on a l'impression que Leone veut nous livrer, non pas un western, mais une pièce de théâtre. D'où cette mise en scène qui joue tout sur la longueur, la tension. Cette dimension théâtrale est aussi présente dans les personnages : Leone est italien, et le théâtre italien (la fameuse « Comédia dell'arte ») est connue pour ses personnages assumant chacun un rôle particulier. Transposée dans le western, chaque personnage incarne un archétype : Jill Mac Bain est la prostituée, Harmonica (voyez, son nom se résume à ce qu'il fait) est le cowboy solitaire, Frank le tueur... on pourrait continuer avec les autres, mais je crois que vous saisissez l'idée.
Mais plus que théâtrale, cette mise en scène est fait penser à un opéra. En témoigne l'omniprésence de la musique, avec un thème pour chaque personnage principal, ou encore la chorégraphie très lente de certains passages. À la différence que les chansons sont remplacées par des passages musicaux très lents.
Grâce à cette mise en scène, le spectateur peut profiter de quelque scènes géniales, comme la longue introduction, le massacre de la famille MacBain, l'affrontement dans la ville, et surtout un duel final absolument splendide. Les seuls défauts que l'on pourrait trouver à ce film sont quelque longueurs, surtout vers le milieu du film, qui peut par conséquent, ennuyer le spectateur. Mais la qualité de ce qui suit vaut le coup de s'accrocher.
En bref, l'un des meilleurs westerns qui soient, un monument superbe, à voir absolument. Il mérite toutes les louanges qu'il a suscitées, et il reste un grand film culte.