On en a tous un, et là, c’est le mien. Oui, c’est mon film favori.
Le récit se situe en trois strates temporelles tournant toutes autour de Noodles (De Niro): l’enfance (en 1923), l’âge adulte (en 1933) et la vieillesse (en 1968). La première demi-heure nous fait jongler entre ces trois périodes dans une maestria époustouflante.
Un exemple parmi d’autres : la sonnerie du téléphone qui résonne dans la fumerie d’opium se poursuit dans une scène de rue, pour finalement voir ce téléphone être décroché dans un bar. Ce qui est dit dans cette conversation est très important, mais on ne le découvrira qu’à la fin.
On a, comme souvent chez Leone, une histoire d'amitié masculine. Ici, on n'arrive pas à s'identifier aux deux personnages. Noodles est un être assez lâche, et qui fait généralement le mauvais choix au moment de se décider. Il est très nettement sous l'influence de Max (James Woods), qui lui est plus violent, calculateur et désagréable.
Noodles a une femme dans sa vie, du moins, il n'en aimera au finale qu'une seule: Deborah (Elizabeth McGovern). Celle-ci n'aime pas ses manières de voyou. Et il commet deux fois l'erreur de suivre Max plutôt que de la suivre elle alors qu'elle lui fait comprendre qu'elle n'aime pas ce dernier. Le cours de l'histoire de Noodles aurait été radicalement différent s'il avait suivi son coeur plutôt que son instinct.
La rusticité de ce dernier est réelle, la preuve la plus flagrante étant son comportement avec les femmes. Il viole une employée de banque pendant que ses amis font le casse. Et surtout, la seule réaction qu'il a alors que Deborah lui annonce qu'elle part à Hollywood est de la violer (une scène traumatisante dans ce film). Pour finalement s'apercevoir qu'il l'a perdue complètement par ce geste.
Le film est axé sur deux interrogations que jamais Leone ne résout, une découlant de l'autre: toute la partie post 1933 est-elle réelle ou un délire d'un Noodles sous opium? Et dans ce cas, est-ce Max qu'on voit disparaître derrière un camion de déchets à la fin du film?
Leone abandonne ses gros plans habituels, et sa distorsion du temps (même si il en fait un autre usage ici.
Une scène est remarquable. Une fille du quartier de la bande à Noodles accepte de coucher moyennant des gâteaux à la crème. Un des gamins se pointe avec le dessert. Il attend dans la cage d’escalier. Il commence par manger un morceau du gâteau en attendant son tour. Puis, finalement, il le mange en entier, laissant ainsi passer sa chance. C’est drôle et bouleversant à la fois. C’est terriblement humain. Et c’est un des nombreux renoncements qui vont ponctuer le film (Noodles qui finit par violer la femme qu’il aime en est un autre tragique, sachant qu’à ce moment-là il perd tout ce qu’il a). C’est beau à en pleurer.