Bravo n° 1 : le montage.
C'est certainement le plus beau montage de tous les temps. Je parle, bien évidemment, de la version voulue par Sergio Leone, pas celle dévastée par les Américains. Ou comment ruiner 20 ans de travail et d'espoir passionné, d'un créateur qui, comble de l'ironie, avait parfaitement compris l' âme de l' Amérique. Merci à Scorsese d'avoir redonné les lettres de noblesse au film. Il n'y a désormais plus aucune contestation possible à propos de la maîtrise incroyable du Temps, des transitions ou des portées symboliques des scènes.
Bravo n° 2: le scénario
Le seul défaut, c'est que je trouve Noodles pas très attachant. Un peu trop flegmatique, trop inexpressif, enfin bref il n'aurait jamais été mon copain. Tout le reste est un sans faute. Fruit d'un travail pourtant bousculé qui a duré une dizaine d'années, tout l' être humain dans tout ce qu'il a de plus impulsif, personnel comme universel et surtout de romanesque est démontré pendant 3 h 40. C'est une lettre d'amour au cinéma. C'est un témoignage important sur le 20ème siècle. C'est un portrait juste et passionnant sur le banditisme. C'est un jeu constant entre les époques. Et puis, au bout du compte, les souvenirs deviennent fantômes, et ceux-là gravitent autour des personnages comme des astres, attendant les collisions qui les détruiront... Ce film est un crépuscule sur fond de gratte-ciels. Le requiem artistique incarné.
Bravo n° 3: le casting
Bien sûr, De Niro, à l'époque où il jouait dans les grands films... Il a déclaré que ce film était le plus important de sa carrière. Il livre là une interprétation tout en subtilité, brisé par les remords et par le regret inguérissable de l'amour manqué (la scène de "viol" avec son amour de jeunesse est particulièrement crue et absolument terrible). Mais la prestation de James Wood, dans le rôle de Max (qui apparaît instantanément davantage comme un frère que comme un ami), m'a beaucoup plus marqué. Ce personnage, aussi bon que salaud, aussi enthousiaste que sombre, est fascinant. Pour la première fois chez Leone, tous les personnages existent ensemble, et chacun savent d'où ils viennent. Par contre, où ils vont, ils le savent beaucoup moins... Un film quasi-choral, en harmonie. Le petit garçon, sans être marquant non plus, a une scène de mort absolument bouleversante.
Bravo n° 3: la musique.
Elle a été composée des années avant le tournage. Elle est donc, à part entière, une des grandes sources d'inspiration du film. Et ça se ressent. La troisième meilleure collaboration des deux bonhommes, et une des meilleures partitions de la carrière de Moriconne. Sa nostalgie est belle à pleurer, et puis le thème à la flûte de pan, comment ne pas être touché ? Elle est le seul fil rouge de l' histoire, où les relations ne cessent de muter, toujours avec mélancolie. La beauté pure.
Bravo n°4: l'équipe technique.
Et bien oui, faut pas l'oublier ! Les grands moyens ont été utilisés, et ça se voit. Les décors sont parfaits, tels des ruines tenant encore debout. Il suffit d'ailleurs, tout simplement, de regarder l'affiche magnifique du film pour se rendre compte: le cadre, la lumière, que dire ? On y est, tout simplement.
Bon, je crois que j'ai oublié personne...
Ah bah si ! Mister Sergio Leone !
Son nom suffit à garantir la maestria. Un génie, c'est le moins qu'on puisse dire. Merci, Monsieur Leone.