Il était une fois en anatolie est une expérience à part entière. C’est un film qui se ressent, qui se vit. Nuri Bilge Ceylan, le réalisateur, pose un rythme très particulier. Il n’y a pas d’enjeu majeur, il n’y a pas de musiques, il n’y a pas de scènes avec un rythme rapide. Le film est lent, contemplatif. Ces longues périodes de silence nous obligent à ne rien faire d’autre que vivre le moment présent avec ces hommes cherchant un corps enterré. Nous sommes avec les personnages, le film se passe presque dans la même temporalité que dans la vraie vie, notamment lors de la première partie.
Cet effet est accentué par les personnages et leurs fabuleux interprètes. En effet, le réalisateur prend le temps de donner une identité précise à chaque personnage, et parle soit de leur vie passée ou présente à côté de leur travail. Par exemple, il laisse comprendre au spectateur que le procureur a vécu le suicide de sa femme. Ces personnages pleurent dans de sublimes gros plans et expriment la peine de leur vie.
Car oui, la réalisation est admirable et le travail esthétique remarquable. Le sombre des scènes de nuit est sculpté par des lumières chaudes, et le jour, l’étalonnage est terne, les couleurs sont grises, mais l’image est contrastée. L’ image est profonde mais manque de vie, de saturation, car le film ne traite que du sujet de la mort.
Ce film n’est pas une enquête classique, le scénario est original et la réalisation inédite. Le spectateur se retrouve dans une atmosphère bien particulière, on est alors seul face à ces turques, qu’on apprend à connaître. On se retrouve seul face à une histoire simple mais étrange, des paysages sans fin et des personnages sans objectifs. On se sent perdu. J’ai été stupéfait par cette manière de faire, que je n’avais jamais vu auparavant.