Comme pour la trilogie du dollar, c'est le volet le moins populaire des Il Était une Fois qui est pourtant le meilleur. Et qui est même largement sous-coté, car si Il Était une Fois Dans l'Ouest n'a volé sa réputation, et que Il Était une Fois en Amérique est très bon sans être génial, Il Était une Fois est encore bien mieux. Sergio Leone s'y fixe l'ambitieux objectif de démythifier l'idée même de révolution. C'est peut être une impression personnel, mais ça a déjà plus de gueule que les deux autres quand tu le présentes comme ça.
Sergio Leone est avant tout un réalisateur de western, et pas de thriller politique. Mais ça tombe bien car il se trouve qu'une des révolutions les plus catastrophiques de l'histoire a justement eu lieu dans les années 1910 au Mexique. Ce qui permettra au maitre des spaghettis de rester sur ses sentiers poussiéreux matraqués par le soleil. Cette révolution est assez méconnu en Europe, bien que tout le monde connaissent les noms de ses principaux artisans : Pancho Villa, Emiliano Zapata ou Francisco Madero. Une guerre civile qui dura officiellement 7 ans pour finalement accouchée d'un gouvernement tout aussi pourri que le précédent. De quoi faire perdre la foi au plus optimiste des marxistes.
Optimiste, ce film ne l'est pas. Ou alors peut être que si. Très lentement et progressivement l'image idyllique d'une révolution tendant à atteindre la liberté et la justice sociale s'effrite, jusqu'à presque disparaitre. Les penseurs de la révolution sont des arrivistes se servant d'idéaux pour assouvir leur soif de pouvoir. Ceux qui mènent réellement la révolution sont de pauvres paysans naïfs ayant une confiance aveugle en leurs dirigeants et en leurs idéaux.
Au milieu de tout ça la trajectoire des deux héros apparait à contre-courant. Ils embrassent d'abord la révolution par intérêt, sans cacher leur point de vue, ni leur mépris pour ces paysans naïfs. Mais cette petite flamme dans leur cœurs qui semblait éteinte depuis longtemps va s'embraser à nouveau. Ces incroyants convaincus vont se laisser convertir aux idéaux de la révolution. Jusqu'à devenir les deux seuls vrais révolutionnaire, une idée qui est magnifiquement mise en scène par Sergio Leone lorsqu'ils tentent à eux seul d'arrêter une colonne de char au péril de leur vie. L'idée est claire, la flamme révolutionnaire ne pourra jamais s'éteindre, tant qu'il y'aura des cœurs pour la porter.
Sergio Leone souligne aussi l'extrême violence d'une guerre civile par de nombreuses scènes de massacre d'une grande beauté dramatique. En particulier cette scène dans laquelle des prisonniers sont placés dans des fosses et fusillés sans aucune forme de procès. Leone use ici d'un lent travelling permettant de rallonger la scène, et rendant cette extrême violence quasi insoutenable.
Aucune fausse note dans ce film, aussi grâce à un duo d'acteur habité par leur personnage, d'abord cynique et moqueur puis passionné par cet idéal de liberté des peuples. Des hommes touchants, marqués par la vie et ses désillusions, et pourtant encore capable de rêver. Un magnifique portrait de deux heures et demi qui semblent passer à une vitesse incroyable, et qui reste gravés en mémoire pour toujours.