Le "Il était une fois dans l'ouest" du pauvre

Que l'on soit bien d'accord, Il était une fois dans l'ouest était le premier volet de cette trilogie, et il fut un chef d'oeuvre absolu. Mais Il était une fois la révolution... Quelle profonde déception...

Sergio Leone a donc tenté de réutiliser les mêmes recettes qui avaient fonctionné pour le premier volet, sauf que ça ne prend pas du tout de la même façon ici, en plus de créer un nouveau problème, la redondance.
Tout d'abord, on retrouve un personnage mystérieux et important (John Mallory) interprété par James Coburn, qui est une tentative de copie du personnage de l'harmonica, ça saute directement aux yeux. Le problème, c'est que ça ne prend pas du tout de la même façon. James Coburn est d'une déception immense sur ce film, son personnage est assez peu intéressant et parfois même surjoué sur de nombreuses scènes.
De même, on retrouve exactement le même genre de scène mystérieuse que John se remémore dans le passé, tout comme le personnage de harmonica dans Il était une fois dans l'ouest. Cette scène dans le passé est incompréhensible la première fois qu'on l'aperçoit, tiens, comme dans Il était une fois dans l'ouest, c'est étrange ! Aussi, nous voyons cette scène trois fois avant qu'elle s'éclaire véritablement vers la fin du film et qu'elle nous apprenne quelque chose sur le personnage, tiens, ça ne vous rappelle pas un film ça ? Je dois vous avouer que j'ai un sérieux doute sur la question. Voilà donc ici un élément qui m'a profondément agacé.

La relation entre Juan et John n'est pas aussi prenante, bien que le film fasse tout pour nous la rendre extrêmement émouvante tant ils semblaient être partis sur de mauvaises bases. Ça ne passe pas, en tout cas, ça n'est jamais passé avec moi. Cela dit, j'ai beaucoup apprécié les touches d'humour du personnage de Juan (et heureusement qu'il est là lui pour donner place aux quelques petites scènes émotionnelles réussies du film).

L'histoire en elle-même aurait pu être intéressante mais la façon dont elle a été traité ne m'a pas réellement séduit. Le début est même très lourd (à part les dix premières minutes), jusqu'à ce qu'ils se rendent à Mesa Verde.

Alors oui, le film essaye de nous montrer que le pouvoir en place est absolument horrible, tyrannique et presque aussi terrible que les nazis dans leur manière d'exterminer les révolutionnaires, tout cela est assez vrai mais tout de même très binaire dans la présentation. Il faut absolument montrer que tout est juste du côté des opprimés et que tout est dégueulasse et ignoble du côté des dominants, en témoigne la première scène du film où on nous montre que c'est une vengeance légitime que de déshabiller les riches occidentaux afin de les envoyer à la mort puisqu'ils crachent ouvertement sur les opprimés du peuple. Cela pouvait être intéressant si Sergio Leone voulait nous montrait ici que la haine engendre la haine mais non, le personnage de Juan ne semble pas tellement faire ça pour ça. Il n'épouse pas la cause de la révolution, donc il le fait juste pour les voler et se marrer avec ses enfants, c'est profond.

Il y a un seul dialogue que j'ai trouvé réellement pertinent et intelligent, il s'agit d'une discussion entre Juan et John au sujet des révolutionnaires. C'est une scène dans laquelle Juan donne ouvertement son opinion sur les gestionnaires des révolutions qui restent toujours à l'arrière pour envoyer les autres se faire massacrer. Bien que cela ne dit pas tout sur la complexité réelle du processus révolutionnaire, elle a le mérite d'interpeller le spectateur.

Et la fin, mon Dieu... Je dirais qu'elle est à l'image du film. Une scène très peu crédible (comme la scène de la rencontre entre John et Juan) où John se fait avoir comme un bleu afin de donner une dimension émotionnelle et tragique au film avant de vite lancer le générique de fin et la musique triste. On a donc le droit à un dialogue surfait où l'on retrouve tous les clichés du cinéma concentrés avec les diverses expressions faciales de John qui demande qu'on lui allume sa clope avant de mourir.

Ce film est très décevant, c'est pourquoi je lui attribue la note de 4/10 qui peut paraître très sévère, mais il y avait beaucoup, beaucoup trop d'éléments qui m'ont agacé, m'ont fait sortir du film à d'autres moments incalculables que je n'énumérerai pas ici au risque d'être beaucoup trop long.
En résumé, Sergio Leone ne m'a pas convaincu du tout sur ce film.