Je suis fan de Sergio Leone et pourtant je n'aime pas Il était une fois la révolution, c'est un paradoxe étrange qui peut sauter aux yeux de certains qui me connaissent, mais je ne puis délibérément entrer dans ce film qui reste pour moi le moins réussi des films de Leone.
Second volet de sa trilogie sur l'Amérique, après Il était une fois dans l'Ouest qui raconte l'Amérique des cowboys, et avant Il était une fois en Amérique qui conte l'Amérique contemporaine à travers le personnage d'un gangster, ce film sert à Leone pour raconter la révolution mexicaine, mais en fait les 3 films ne sont pas liés comme l'étaient les 3 films de la trilogie des dollars, il n'y a aucun lien unitif par leurs scénarios ou leurs personnages, et je crois que Leone ne voulait pas qu'il y ait de lien puisque ce sont 3 périodes différentes.
On sait que Leone ne voulait pas refaire un autre western ; après les dollars et Il était une fois dans l'Ouest qui marque pour moi l'apogée d'une carrière unique, il a été tellement harcelé par la United Artists qu'il a fini par céder. Faut-il voir dans cette volonté forcée un signe de résignation et de lassitude ? Leone n'avait plus rien à dire sur le western qu'il avait contribué à dépoussiérer et à redéfinir les codes, il voulait passer à autre chose et réaliser son grand projet qui n'aboutira qu'à la décennie suivante avec Il était une fois en Amérique. C'est pourquoi j'ai l'impression très nette qu'il se libère de ce carcan avec douleur et qu'il livre un dernier western pour en finir une bonne fois pour toutes, d'où un film peu inspiré, où Leone a perdu toute son énergie et sa fraîcheur ainsi que sa maturité qui avaient fait le succès de ses précédents films. Son film est long, compassé, lourd, pénible, avec des scènes où il ne se passe rien ou des scènes sans intérêt. Le début truandesque et picaresque sur cette diligence nous vaut des gros plans horribles sur des bouches qui avalent et mâchent de la nourriture, j'ai trouvé ces scènes vraiment disgracieuses et totalement vaines. Et ses 2 personnages principaux de Sean Mallory le révolutionnaire irlandais et de Juan Miranda le peon mexicain, mettent près d'une heure pour devenir amis, tout ce qui s'est passé avant pèse beaucoup trop sur la narration très lente et vide de ce western qui n'en est pas vraiment un, puisque l'action se passe en 1913. Les flashbacks aussi sont parfois pénibles car trop longs, ils ralentissent le rythme, d'où une durée encore qui avoisine les 3 heures.
En dépit de ces défauts, j'accorde à Leone un crédit sur certaines séquences réussies et j'y retrouve la plupart de ses gimmicks : succession de gros plans et de plans larges, angles de caméra insolites, distanciation du temps, personnages cyniques, truculence et humour, bien que ce dernier soit moins triomphant. Mais tout ceci est dilué dans un concert de longueurs et un traitement poussif et irritant. Les personnages formidablement incarnés par James Coburn et Rod Steiger qui sauvent heureusement une partie du film, ne sont plus des types de western hollywoodien, ils ont une épaisseur humaine et psychologique intéressante car ce sont 2 hommes marqués par la fatalité, d'où un ton sombre et amer qu'il n'y avait pas dans les autres westerns de Leone, et ceci ne me plait pas toujours, le film est une tragédie en fait.
Quant à la musique de Morricone, elle est inférieure à ses partitions précédentes sur les films de Leone, mais il offre quand même quelques bons thèmes typiques de son style. Il est cependant clair que cette musique ne me fait plus vibrer comme elle le faisait dans Il était une fois dans l'Ouest, film que j'aime jusqu'à l'adoration proche du fanatisme. Tout ça pour dire que ce film marque un contraste évident avec ce chef-d'oeuvre, je ne peux donc pas y adhérer totalement et je le regrette.