Un travail à quatre mains lautnerien et veberien - même en forme ! - ça décadre, ça se marche dessus, ça détonne. Le timbre détimbre, forcément.
Quand le sobre et le verbe lautneriens laisse place à la grosse bouffonnerie veberienne, sous ombre que la grosse bagarre, ça fait toujours Tontons Flingueurs, au motif que l'on retrouve Mireille Darc, Venantino Venantini, Robert Dalban et un simili-Ventura, sans crier à l'escroquerie, y'aurait tout de même à redire: quand on prend la première classe, c'est pas pour se retrouver à l'arrière du train. Par contre à l'arrière-train, y'a un Cicis à qui on peut avoir envie de donner un bon coup de savate quand il donne l'impression de parasiter la bonne intrigue principale de façon naïve.
Le souci de ce travail à quatre mains lautnerien et veberien, c'est donc cette volonté de décalage entre le polar-espionnage grinçant cher à l'un - le Maître - et le prosaïsme touchant du quotidien cher à l'autre - l'Apprenti.
Cela pris en compte, ça passe.
Ça passe mal sans tout à fait casser dans le futur bis repetita non placent nommé La Valise - qui pourtant avait de quoi faire mieux: l'un des bâts blessants du film résidant dans le choix de Marc Constantin plus support de héros pour le rôle du protagoniste et qui sera le second de Marielle dans la second collaboration entre Georges le flingueur et Francis le typographe de la connerie.
Ça passe très bien dans ce Il était une fois un flic (titre lautnerien, le papa du Dîner de cons aurait préféré La Couverture ... rien qu'aux titres, tout est dit), parce que le Lino Ventura low cost est tout de même très attachant, plus veberien, et est bien entouré. La grande sauterelle, d'abord, plus mimi que jamais et faisant ainsi maillon entre Ne nous fâchons pas et La Valise ; Une pléiade de seconds rôles qui reluisent de Robert Castel (Le Grand blond) à Robert Dalban (sus-cité) en passant par Venantino Venantini (déjà cité mais rappelons ses apparitions defunesques dans Le Corniaud ou encore La Folie des grandeurs et lautneriennes dans les Tontons et surtout Galia - probable source de La Liste de mes envies de Delacourt), Henri Guybet (dit Salomon le Juif, dit l'Homme qui n'aimait pas les bis mais qui a joué dans les suites de la 7e Compagnie et du Grand Blond - qui étonne ici au sens propre comme au figuré, l'espace d'une seconde, pour plus d'informations, s'adresser aux valseuses de Constantin) ou encore le caméo d'un certain ... Alain Delon mais de près mais si court que c'est de loin. Enfin, la présence majestueuse, tout en nuance, véritable ciment des deux styles inconciliables du Maestro qui n'a rien demandé et de son héritier auto-proclamé, l'inénarrable Michael Lonsdale, qu'on ne présente plus et qui donne à la perfection dans le flic flegmatique comme dans l'homme attendri, l'éclair d'une mimique soigneusement dissimulée. Sorte de Gabin calme, plus verbeux, plus détaché et en même temps plus attaché: la véritable attraction du manège.
Il était une fois un flic - La Valise avant que Veber prenne le dessus ou La Valise tant que Lautner l'a encore. Étrange passage de flambeau plus bon que mauvais, très agréable et qui aura donné sa chance au sieur Constantin, futur James North de la CIA à son corps défendant dans la série des Raoul Fracassin du tandem Chanoinat-Loirat, pour ceux et celles qui affectionnent le 9e art.