Histoire bien sympathique narrée dans ce film de Lautner tourné en 1972. On y met en scène le tandem Michel Constantin/Mireille Darc qu'on retrouvera l'année suivante dans le un tout petit peu moins réussi "la valise".
Là, il s'agit d'un travail d'infiltration d'un flic, Campana, dans le milieu niçois associé à la mafia américaine. Mais sa couverture exige qu'il paraisse marié et chargé de famille. Etant un célibataire endurci, on l'associe ainsi à Mireille Darc, veuve d'un flic et mère d'un petit garçon de 9 ans.
L'histoire policière n'est pas inintéressante car le travail d'infiltration étant par essence discret, met en présence d'autres services de police français ou américain, qui, bien sûr, jouent leurs propres cartes sans véritablement de coopération. Il y a ainsi des scènes savoureuses en marge de l'histoire, où Campana se fait tabasser par d'autres flics ou se fait engueuler comme un gosse par un flic de quartier (Robert Dalban).
Mais ce qui est plutôt amusant c'est bien sûr la cohabitation entre un Michel Constantin, bas du plafond et vieux garçon maniaque et une Mireille Darc qui s'en amuse avec une certaine complicité et ma foi, une certaine tendresse.
J'ai parlé du personnage de "Campana" qui est utilisé ici pour la première fois par Francis Veber et qu'on retrouvera plus tard sous les traits de Depardieu ("La chèvre") et de Jean Reno ("Le jaguar"). Il y a une certaine similitude entre les trois personnages dans leur comportement de fonceur, de gars honnête tout en restant assez obtus.
Ce film c'est un peu un cinéma de gueules de cinéma :
- d'abord Michel Constantin dans son très crédible personnage de vieux garçon qui apprend peu à peu qu'à côté d'un monde de brutes qui est son lot quotidien et d'une vie étriquée où "il n'est pas question d'acheter des tomates à Nice qui valent 2F50 le kg alors qu'elles coûtent 2 F à Paris" , il peut y a voir un monde de douceur avec une épouse qui s'occupe du linge (les chemises en dralon qu'on ne doit pas repasser) et de préparer la cuisine (la salade de tomates avec des endives obtenue de haute lutte malgré sa radinerie) et un gosse qui fait chier à vouloir qu'on lui raconte une histoire pour s'endormir ou qu'on va récupérer au commissariat pour avoir commis une bêtise.
- Ensuite Mireille Darc dans un numéro tout aussi crédible de belle et gentille compagne qui amène peu à peu à la raison cette brute de Michel Constantin, pas fâchée au fond de la présence de ce "père" à la maison.
- Michael Lonsdale dans le rôle du flic en chef, toujours aussi onctueux. Ici, il rajoute une petite touche de circonspection devant le couple improbable Constantin/Darc. On peut aussi ici parler du couple Lonsdale/Constantin où le premier est chargé de la politique et le deuxième de l'action.
- Et puis d'autres à commencer par Robert Dalban en vieux flic moralisateur mais soumis à l'autorité. Puis Robert Castel dans son personnage (habituel) de pied-noir, Henry Guybet en flic à côté de la plaque et tête à claques (au propre comme au figuré)
"Il était une fois un flic", c'est aussi le film qui mélange les genres avec un certain second degré en émaillant le film avec des petites scènes "drôles" comme celle du noir assassiné dans une voiture remplie de lait ou encore du mendiant aveugle à la porte de l'Eglise qui reçoit une aumône directement de la main d'un cadavre ou encore l'assassinat de la cover-girl… On y trouve un certain art de la mise en scène assez typique de Lautner.
La musique aussi accompagne bien ce film même si d'aucuns la trouveraient peu subtile entre les marches genre corrida ou la chanson "Santa Lucia" chantée par les tueurs dans une gargote ou encore du style de la musique de western spaghetti. Personnellement, je la trouve plutôt bien adaptée au genre semi-parodique du film.
Au final, c'est un film bien sympathique portée par des dialogues efficaces de Francis Veber, même s'il n'y a pas d'autre ambition que de faire un film plaisant. D'ailleurs, je crois le film connut un bon succès à sa sortie.