Pas le haut du panier du genre mais pas dans la moyenne basse non plus. Le giallo pour Bido est un métier sérieux auquel il faut avoir la prétention de donner du sens et de la profondeur ( à défaut toutefois d'un réel sens profond). Bido se refuse en effet à aligner les meurtres au nom de quelques motivations futiles, son mobile à lui se voudra grave et sa démarche meurtrière "raisonnablement" réfléchie. Son tueur en série n'aura rien d'un fou ni d'un maniaque, son esprit de vengeance et de justice s'avérant mûr et sous contrôle.
Le fond est posé et la forme se montre soignée. Si nous ne sommes pas dans un giallo d'esthète à la Argento, notons toutefois une ambiance sonore particulièrement travaillée ainsi qu'un habillage musical élégamment lugubre. Bido s'offre un score torturé de toute beauté en bonne partie à l'origine de ce petit cachet que le film dégage insensiblement, progressivement, jusqu'à ce point de bascule où sa narration change de ton, de contours. Ainsi, nous comprenons que la réelle ambition de Bido, depuis le début, n'était que de nous préparer à cette issue où l'étrange affleure - je dis étrange, pas fantastique -, où les repères jusqu'ici bien définis se font plus flous, où le monde autour se révèle alors un peu fou. C'est par cette sorte de digression flottante que Bido nous conduira presque en douceur vers sa lourde - un peu dans les deux sens du terme - conclusion.
Voilà donc une œuvre un peu à part dans le petit univers du giallo, une œuvre très appliquée, presque vertueuse et réellement dramatique, portée par ce climat trouble.