Note liminaire : Cela fait quelques mois que j'envie et note des films, tout en observant et jugeant la subjectivité de mes semblables. J'ai vu des amis devenir des éclaireurs pendant des cours de Théorie Politique bien trop matinaux, et des éclaireurs devenir des némésis en attribuant 7/10 à l'immondice qu'est Saltburn, ou en qualifiant Interstellar et Forrest Gump comme étant des "chefs d'oeuvre absolus qui révolutionnent la manière de voir le monde et le cinéma". Bref, cela fait quelques mois que je prépare, à la manière d'un Ruffin en politique, mon entrée dans la secte des analystes de films sur SC. Aucune prétention ne m'accompagne ; seulement mes idéaux, ma sensibilité, et, surtout, le Beau, dans toutes les formes que le Cinéma se garde de divulguer.
Il fallait un premier film, mais voilà, lequel ? Un film de mon Top10 ? Tarkovski, Coppola, Ozu ou Kalatozov ? Le projet s'annonçait trop technique, trop ambitieux, et je risquais de me perdre dans la genèse même de mon aventure SC. Et alors qu'une perspective de critique s'éloignait de plus en plus, l'élément déclencheur est apparu, en pleine séance, comme une évidence.
Critique : "Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le premier jour". Une référence biblique s'imposait, afin de commencer cette critique, puisque c'est une notion ayant la même provenance qui monopolisera les phrases qui suivent, à savoir celle du Pardon. Cortellesi, avec Il reste encore demain, invite le spectateur à s'immerger dans le quotidien de Delia. Ainsi, dans un noir et blanc d'une justesse rossellinienne, nous assistons, impuissants, tantôt à la violence d'un mari autoritaire, tantôt au sacrifice d'une femme : le sacrifice d'une vie, pour sa fille, pour les autres femmes. Si le film semble parfois tomber dans un manichéisme aux allures simplistes, c'est justement parce qu'il se pose en miroir de la situation de l'époque (ceci dit, une réactualisation est envisageable), celle d'une domination violente d'un sexe sur un autre. Et à mesure que les coups du mari s'intensifient, la caméra prend le chemin de l'allégresse, donnant naissance à des chorégraphies pour le moins atypiques, où les gifles embrassent le rythme effréné de la musique. Pourtant, cette dernière ne cherche pas à masquer la douleur subie mais elle permet, au contraire, de l'affronter.
C'est habilement que Cortellisi dresse, par ailleurs, le tableau de la misère italienne d'après-guerre. Elle restitue les problématiques sociales de l'époque, avec une condition humaine oubliée par les habitants et la nécessité d'une reconstruction (pourtant peu favorisée par les conséquences éthiques et économiques de la guerre). Mais retenir de ce film une simple description serait un acte de mauvaise foi : la réalisatrice entrouvre une page vers la liberté et, surtout, le Pardon.