Lucien Chardon/de Rubempré est un jeune poète inconnu dans la France du XIXème siècle. Ambitieux, il veut se forger un destin. Il quitte l’imprimerie familiale d'Angoulême pour tenter sa chance à Paris, au bras de Louise, sa maitresse. Le jeune homme va découvrir les coulisses d’un monde voué à la loi du profit et des faux-semblants et survivre à la comédie humaine et à ses illusions perdues.
Illusions perdues est un drame historique de Xavier Gianolli de 2021. Il s'agit de l'adaptation du roman d'Honoré de Balzac publié en 3 volumes de 1837 à 1843. C'est l'un des romans les plus longs de la comédie humaine.
Du roman au cinéma: une adaptation réussie
Xavier Gianolli a réalisé une superbe adaptation du grand roman d'Honoré de Balzac. Il faut dire que la trame de ce livre offre un magnifique matériau. On y retrouve tous les thèmes de la comédie humaine et plus largement tout ce qui fait "tourner le monde" depuis toujours: l'ambition, l'amour, la trahison, l'échec et le deuil. Le réalisateur nous livre une vision impitoyable du XIXéme siècle.
Illusions perdues bénéficie d'une réalisation brillante qui repose sur un scénario bien adapté, une reconstitution convaincante du Paris de l'époque ainsi que de magnifiques costumes et une bande originale opportunément basée sur des titres classiques du XIX ème siècle (Schubert, Lekeu, Rameau, Vivaldi...).
Inspiré de l'expérience de Balzac dans l'imprimerie, Illusions perdues raconte l'histoire, sous la Restauration, d'un jeune imprimeur amoureux, poète à ses heures. Il suit sa maitresse à Paris. Après quelques temps, il doit pourtant apprendre à voler de ses propres ailes.
Armé de sa plume et de son culot, Lucien parvient à forcer sa chance. Il se fait engager dans un journal libéral et s'y fait une place confortable grâce à sa plume acérée. Séparé de Louise, il tombe amoureux de Coralie, une jeune actrice. Le jeune homme se retrouve au coeur d'un affrontement entre les libéraux et les royalistes qui reprennent du poil de la bête. Manipulé par ces derniers, Lucien va apprendre à ses dépens que certaines erreurs de jugement sont fatales. Les « illusions perdues » sont celles de Lucien, héros et anti héros plein de failles (Lucien n'est pas "bien né", il est parfois naif ou trop spontané), face au monde littéraire, politique et à sa propre destinée. En creux, le film restitue bien les affrontements entre les bourgeois libéraux et les royalistes qui espèrent reprendre le pouvoir après avoir subi les pages sombres de la Révolution et de l'Empire.
Des personnages solides au service de la comédie humaine
Le succès puis la chute de Lucien n'auraient pas été possible sans les personnages de la comédie humaine campés avec talent par une excellente distribution.
C'est Etienne Loiseau, rédacteur en chef qui va faire entrer Lucien dans le journal dont il est un pilier. A l'époque, le journalisme faisait et défaisait les réputations et se préoccupait peu de la vérité tout en faisant plaisir aux actionnaires. Vincent Lacoste campe un Loiseau cynique et revenu de tout, un pygmalion amoral et blasé qui contribuera à débarrasser son protégé de pas mal de ses scrupules. Quant à Finot (Louis-Do de Lencquesaing), le directeur du journal, ses agissements contribueront également à perdre Lucien. Louise (Cécile de France), femme mal mariée issue de la noblesse, vivra une intense passion avec Lucien. Compte tenu de la pression sociale, elle devra renoncer à lui et ne s'en remettra véritablement jamais. Nathan (Xavier Dolan) est un écrivain royaliste de talent. Devenu proche de Lucien, il laissera pourtant ses amis royalistes le détruire sous l'influence de la Marquise d'Espard (Jeanne Balibar), instigatrice en chef de ses infortunes. Voulant à toute fin récupérer par vanité la particule du nom de sa mère, Lucien (Benjamin Voisin) se transforme en agent double avec pour objectif de duper ses amis d'hier (Les bourgeois) ainsi que ses nouveaux soutiens (Les royalistes), ce qui va définitivement ruiner tout ce qu'il avait construit. Il perdra sa bien aimée, Coralie (Salomé Dewaels), victime d'un "sabotage" organisé lors de la première de Bérénice. Elle finira "emportée" par la phtisie. Pour avoir voulu s'approcher trop près du soleil et s'y être brûlé les ailes, Lucien devra se résoudre à rentrer, ruiné et seul, à Angoulême.
Je ne me suis jamais ennuyé devant ce film de 2h30.
Illusions perdues a étrangement résonné en moi. Certainement parce que j'ai trouvé beaucoup de justesse à cette histoire cruelle, mais o combien réaliste.
Je pense à ceux qui doivent trouver en eux quelque chose après le
désenchantement
(Honoré de Balzac).
Trailer
Ma note: 8/10