Balzac.
Un nom qui a longtemps été pour moi, évocateur de ces heures de souffrance au lycée, passées à tourner laborieusement les pages de livres que l'adolescent inculte que j'étais trouvait d'un inintérêt total. Une véritable perte de temps dans ma vie bien remplie de lycée.
Et pourtant, me voilà quelques années plus tard, sortant d'une salle de cinéma, dans laquelle j'étais entré sans grandes espérances, avec une envie nouvelle en tête : me plonger dans les écrits de cet auteur renommé du XIXe siècle.
Ce retournement de veste est digne d'un Lucien de Rubempré (ou Chardon, selon votre convenance).
Et c'est là, à mon sens, la force même de ce long-métrage qu'est Illusions Perdues.
La mise en scène de Xavier Giannoli permet de sublimer, avec une modernité remarquable, le roman de Balzac. Modernité sur la forme, oui, mais sur le fond également. Bien que ce soit également le propre du roman (du moins, je l'imagine), les thèmes abordés, s'ils s'inscrivent dans le contexte historique de la Restauration, sont éminemment modernes, à tel point qu'on peut presque y voir un reflet (plutôt pessimiste) de notre époque contemporaine.
Le film nous propose de suivre Lucien, né donc Chardon, mais auto-rebaptisé de Rubempré, campé par un excellent Benjamin Voisin, qui débarque à Paris, des rêves plein la tête, dans le but de gravir l'échelle sociale grâce à son art. Mais il va rapidement déchanter, en témoigne le titre, très évocateur, "Illusions perdues", et va se laisser corrompre par la perversité de la société parisienne. Mais le film ne se contente pas de pointer du doigt la corruption permanente de ce petit monde. Ce n'est pas seulement elle qui va causer Lucien à sa perte, mais aussi et surtout son arrogante ambition. Quelle impudence, pour un jeune imprimeur de province, de croire qu'il pourra réussir dans la vie parisienne. Et les nombreux sacrifices qu'il fera, à commencer par sa vertu, n'y pourront, au final, pas grand chose.
Au final, c'est une véritable immersion dans le Paris de la Restauration que nous propose ce film, ainsi qu'un hommage à l'immense œuvre de Balzac, qui donne envie de découvrir cette littérature ancienne mais éminemment contemporaine.