J'avoue y être allé avec un peu appréhension, deux heures et demie inspiré d'un Balzac j'ai peur. Qu'est ce que j'avais tort ! Au bout de dix minutes même pas j'ai compris que le film allait me tenir en haleine.
Nous suivons la jeunesse d'un poète, Lucien, montant sur Paris et devenant journaliste, le tout raconté par un narrateur extrêmement présent. Je tiens à lever mon chapeau au narrateur, Xavier Dolan, l'écriture de son texte est particulièrement juste, en mêlant des termes qui font très XIXe siècle comme des clins d’œil à notre actualité faisant sourire, voir rire toute la salle.
L'actualité de l'époque, la Restauration et l'ambiance de Paris est particulièrement bien rendue au travers d'une mise en scène peut être cliché par moments mais diablement efficaces. Les costumes sont beaux sans non plus vouloir en faire trop. Le spectateur navigue entre différents univers, la haute noblesse, les théâtres, les journaux et les éditeurs, en un film j'ai l'impression d'avoir voyagé dans le temps.
Il faut maintenant parler de ce qui m'a le plus marqué dans ce film, le jeu des acteurs et des actrices! Benjamin Voisin confirme en étant superbe alors que le rôle n'est pas simple, il est sur quasiment tous les plans du film, une belle confirmation après son rôle dans été 85 de François Ozon, il retrouve son idole Gérard Depardieu juste parfait sur les trois scènes où on le voit. On retrouve Jeanne Balibar effrayante de froideur en grande Marquise. J'ai découvert la jeune Salomé Dewaels si touchante en actrice des boulevards et il faut notifier sa morphologie et ses quelques rondeurs qui font tellement plaisir ! Cela change tellement des jeunes actrices toutes fines, de plus cela colle carrément avec plus avec la réalité historique, époque où les Vénus on prit des rondeurs !
Enfin Vincent Lacoste. Il arrive avec un vocabulaire d'époque à parler comme aujourd'hui. J'ai rarement vu une telle maîtrise du texte, dès qu'il parle il crève l'écran et vole même, selon moi, la vedette à Benjamin Voisin pourtant plus que bon. Il termine sa partition par deux dernières répliques dont je me souviendrai pendant très longtemps, tant elles sont juste !
Je ne peux donc que recommander d'aller voir Illusions perdues tant qu'il est encore en salle!