Une introduction inquiétante par la lourdeur, la naïveté, les poèmes à l'eau de rose, ce film commence mal et je m'accroche tant bien que mal à une énième mauvaise adaptation sans saveur...
Seulement, à partir de la 17ème minute, le provincial Lucien de Rubempré débarque à Paris et le film prend une toute autre dimension. Il est plongé dans un univers en ébullition, découvre qu'il n'est qu'un pauvre naïf se prenant trop au sérieux dans ce monde, à travers sa rencontre avec le journaliste Etienne Lousteau.
Ensuite, c'est un festival jouissif où sont exposées les combines des canards: appartenance politique insincèrement surjouée, fabrication de polémiques grâce à un ennemi factice, lancement de rumeurs, falsification des faits dans l'objectif de vendre du papier et surtout des encarts publicitaires.
Par ailleurs, ils se font des rentrées supplémentaires avec d'autres magouilles étroitement liées au monde du théâtre ou de l'édition.
L'édition, parlons en, tenue par des margoulins indélicats et leurs affidés journalistes, dont la seule préoccupation est de vendre de l'écrit le plus facilement possible, se complaisent dans le même type de carabistouilles et balaye par la même occasion, le mythe du chef d'œuvre publié par un illustre inconnu.
Il y a bien d'autres thématiques intéressantes, mais là est la clé de voûte des dessous d'un environnement crasseux, qui coûtera très cher au candide Lucien de Rubempré.
Etonnement anachronique, le portrait de cet univers par Honoré de Balzac ne semble pas avoir trop vieilli dans cette adaptation, ce qui en fait toute sa réussite. Le livre ayant été écrit au milieu du 19e, cela nous indique bien que certaines choses ne changent pas, tant qu'elles sont clairement et nettement décrites.