Clint Eastwood et western : un pléonasme. Le bonhomme représente tout un pan de ce genre. Et, en 1992, il vient en faire le testament. Le dernier en date car de John Ford, en passant par Peckinpah, le western à connu bien des fins. Mais IMPITOYABLE en semble le parfait aboutissement.
IMPITOYABLE va déconstruire le mythe western/Eastwood dans une ambiance crépusculaire. Il y a ce premier plan avec ce texte qui renvoi directement à l'aspect mythologique du western. Par ce moyen ainsi que par la composition de ce plan on comprend que le passé et le présent vont se confronter. Sur ce postulat, l'acteur-réalisateur va bâtir son film comme un essai. Il établit tout d'abord les bases et arguments (2/3 du film) pour en arriver à une conclusion macabre mais non dénué de lumière. La simplicité de l'œuvre ira bien plus loin que le laisse supposer son rythme particulier, son action ou sa mise en scène, très simple et épurée. Au détour de deux scènes aux dialogues excellents et aux interprétations complexes (Hackman est phénoménal), il nous est asséné des vérités fondamentales sur l'ambiguïté et la dichotomie humaine. Quel héritage l'Ouest laisse-t-il derrière lui ? Tout est zone grise et cela à tous les niveaux de lecture. La violence, la nature humaine, la communauté, la justice ; tant de thèmes brassés avec doigté... On ressent alors tout le poids d'un genre - ses influences, ses figures - dont IMPITOYABLE en est l'éloge funèbre.
IMPITOYABLE peut être d'une douceur remarquable puis d'une brutalité véridique, tant dans les mots que dans l'action, si bien qu'il s'en dégage une dureté palpable tout autant qu'un mélancolique lyrisme.