" Anne, this is a song for you ..."
Elle est française, pétillante et elle débarque en Corée pour croiser trois fois, comme dans des vies différentes, les mêmes personnages. Héroïne burlesque de trois courts métrages de la plume d'une jeune fille, Anne (Isabelle Huppert, surprenante), se promène dans cet univers irréel mais jouissif où elle cherche un "lighthouse" auprès d'un maître nageur qui répète "I will protect you".
Le film est d'une folie mesurée, les personnages sérieux dénotent dans cette comédie fraîche et originale qui sait si bien mettre en scène la française, l'étrangère au pays qui veut à tout prix parler à un moine, pour lui poser des questions quelques peu inattendues.
Elle est naïve, rêveuse, enfantine, elle se ballade avec une "umbrella" bleue d'enfant, qu'elle ouvre dans un geste concomitant avec une jeune coréenne au début de la première histoire.
Voilà un OCNI (Objet Cinématographique Non Identifié) qui rend heureux, on sort apaisé, reposé, détendu et ça fait du bien de voir ce petit bijoux d'irréel avec la caméra qui s'amuse à plonger tout à coup en zoom (oui le mouvement de caméra le plus visible et le plus laid qu'on ait inventé) avant vers Anne (Isabelle Huppert qui réinvestit ses rôles comme ses robes avec beauté et drôlerie) comme une visée de plus vers l'onirique, vers une forme de burlesque dans cette ville où il n'y a rien à faire qu'à se réinventer chaque fois, belle leçon d'écriture scénariste en tout cas ! Une perle rare qui dépayse plus que nos sens ou ceux d'Anne mais plutôt le cinéma tout entier dont les codes sont bouleversés.