Jane Jane Jane, je t'admire mais tu m'exaspères...

La prestation du duo Ryan-Ruffalo est très bonne. Ce dernier possède un charisme très inquiétant, ce qui colle parfaitement au film. Cette histoire d'amour, ou plutôt de sexe, de possession, de deuil, est réalisée avec brio par une Jane Campion que j'aime de film en film, à chacun de ses bébés. Car elle sait comme personne mettre la femme en avant, dans ses faiblesses comme dans sa beauté. Elle mélange la sexualité, la nature, la poésie, la noirceur et l'anticonformisme avec une innocence qui me fascinera toujours. Elle aime ses actrices mais elle n'hésite pas à déposséder Meg Ryan de toute sa filmographie, faisant d'elle une femme vieillissante qu'elle maltraite volontiers en la rendant de plus en plus dépendante et soumise. Le film est tiré d'un roman mais la réalisatrice reste fidèle à elle-même.

Autant vous dire qu'il n'y a quasiment aucune trame scénaristique, cependant on se laisse guider, même prendre par la main et on suit, souvent tendu, le tourbillon infernal qui mènera l'héroïne à une issue qui semble fatale. Les plans sont beaux, l'atmosphère est sombre et les acteurs tiennent parfaitement le choc.

J'ai ceci dit quelques petits bémols. Le premier étant l'insistance de Jane Campion à mettre des seins là où il n'y en a pas besoin. Elle perd complètement son message et la beauté de certains de ses plans. L'essence même de son cinéma est le désir de l'autre, pourquoi jurer comme un charretier lorsqu'on a à portée un joli recueil de poésie qu'on a écrit avec passion? C'est dommageable. Il n'y a aucun intérêt à voir un sexe masculin en gros plan dans les premières minutes du film.

L'autre point négatif, sans vous révéler l'histoire, est la naïveté presque ridicule du personnage principal. C'est une constante dans les films à suspense et c'est vraiment dommage même si je sais pertinemment que le film est tiré d'un livre. C'est d'autant plus défavorable quand on sait que ces excès d'insouciance font complètement sortir du film qui est pourtant très hypnotique - à titre personnel. Même si ce n'est qu'une histoire recomposée, on peut tourner les scènes de manière à ne pas décrédibiliser ce qui tient en haleine.

"In the Cut" a ce je-ne-sais-quoi qui le fera rester très longtemps dans ma mémoire.

Jane, Jane, Jane, je t'admire mais tu m'exaspères...
EvyNadler

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

10
2

D'autres avis sur In the Cut

In the Cut
-Marc-
6

Avoir "le sens du gland", ou pas...

Sous couvert d’un polar, Jane Campion réalise un drame, prétexte à revenir à son thème de prédilection, l’exploration du désir féminin. Le thème policier est assez maladroit et pourrait trouver son...

le 17 août 2014

9 j'aime

3

In the Cut
Behind_the_Mask
3

Mé(g)mérisation

Un petit sourire coquin, des yeux rieurs d'un bleu clair, des cheveux blonds bouclés incandescents et indomptables, la beauté de Meg Ryan est un des plus beaux souvenirs du cinéma des mi 80's /...

le 21 nov. 2015

7 j'aime

7

In the Cut
Maqroll
7

Critique de In the Cut par Maqroll

Jane Campion poursuit inlassablement son exploration de la féminité dans ce qu’elle a de plus intime, sans concession ni exhibitionnisme. Apparemment et au vu de certaines critiques, cela excite ou...

le 17 juil. 2013

6 j'aime

Du même critique

Her
EvyNadler
8

Mauvaise foi

Bon déjà je tiens à préciser que je voulais mettre 5 dès le début. Avant même la première minute. Enfin dès le début quoi du coup. Oui je sais, c'est pas digne d'un critique, c'est pas digne d'un...

le 22 juil. 2014

232 j'aime

21

Eternal Sunshine of the Spotless Mind
EvyNadler
10

Un petit bijou de vie plein de poésie...

Jim Carrey prouve une fois de plus qu'il n'est pas qu'un trublion. C'est surtout un immense acteur avec une palette d'émotions immense. Kate Winslet, elle, livre ici une de ses plus belles partitions...

le 24 avr. 2014

165 j'aime

12

Juste la fin du monde
EvyNadler
8

FAQ Xavier Dolan - Comprendre et apprécier Juste la fin du monde

Parce que je n'arrive pas spécialement à remettre toutes mes idées en place, parce que je n'arrive parfois pas à séparer le négatif du positif dans ce film, et surtout parce que je n'ai aucune idée...

le 22 sept. 2016

134 j'aime

12