Jane Campion apporte à une histoire finalement assez classique de serial killer / démembreur de cadavres féminins son point de vue féministe sur le désir : oui, les femmes peuvent avoir envie de sexe autant que les hommes, et de manière aussi crue. C'est bien, ça choque (facilement) le public habitué aux salades hollywoodiennes, mais c'est quand même un peu léger, surtout si l'on ajoute que les personnages de "In the Cut" ("dans la fente", donc…) manquent totalement et de profondeur au-delà des clichés éculés qu'ils illustrent, et de crédibilité dans leurs décisions et leurs actions, incohérentes et erratiques, tout au long du film. Si "In the Cut" échappe in extremis à l'étiquette de nanar qui lui pend au nez, c'est quand même grâce à l'élégance et à l'intelligence de la mise en scène de Jane Campion, une véritable... "championne" en la matière. A noter aussi que l'utilisation de Meg Ryan - assez médiocre - dans un contre-emploi total, s'avéra à la sortie du film un simple truc publicitaire pour créer l'évènement, mais n'aura pas sauvé le film du flop commercial. La prétendue crudité - plutôt dérisoire - du traitement du sexe confirmait aussi (une fois de plus) combien le monde anglo-saxon est retranché dans sa pudibonderie, mais c'est finalement son happy-end improbable - incroyable trahison de la fin éprouvante, voire insoutenable, du livre de Susanna Moore -, qui montrait à quel point tout cela manquait vraiment de courage. [Critique écrite en 2004 et enrichie en 2016]