Le nouveau film de Quentin Dupieux, pour résumer simplement mais sans en dire trop mais assez quand même pour pouvoir en parler, et parce que c’est mieux de ne pas dévoiler les nombreux ressorts comiques du scénario, d’ailleurs Dupieux a insisté là-dessus, ne pas dévoiler, ou à peine, ce qui nous attend dans son nouveau film absurde et conceptuel, mais comme d’habitude chez Dupieux, on connaît l’animal depuis, on connaît le style par cœur, bref pour dire tout en restant vague, en préservant les effets de surprise, c’est tout de même mieux de ne pas spoiler, faut penser aux gens, bref pour résumer simplement, et assez trivialement, le nouveau film de Quentin Dupieux, c’est une histoire de trou et de queue. Mais pas que.
Dis comme ça évidemment, on imagine un film pornographique. Ou un film sur le billard, après tout pourquoi pas, y’a bien eu des films sur Facebook ou sur les Pokémon. Alors que pas du tout. Affirmer ça, ce serait méprendre. Vous voyez vraiment Alain Chabat, Léa Drucker, Benoît Magimel et Anaïs Demoustier dans un porno, vous ? Genre à la queue leu leu ? Bien sûr que non. C’est autre chose. Certes, il y a bien cette histoire de trou (à la cave) et de queue (3.0), mais il y a des histoires de couples, d’éternelle jeunesse et de temps qui passe (ou que l’on remonte). Il y a surtout des questionnements autour, qui découlent, qui se posent, et que Dupieux traite avec son inévitable décontraction et sens de la fantaisie (mordante ici).
Trop décontracté d’ailleurs, le Dupieux, Incroyable mais vrai ne laissant à la fin, malgré son pitch fou (et finalement mélancolique, impitoyable aussi) et ses interprètes à la fête (Magimel, génial en beauf friqué), qu’un goût d’inachevé, d’incomplet (de bâclé ?), à l’image d’un scénario (et d’un montage syncopé) qui s’amuse sans cesse à retarder la parole, interrompre les révélations, remettre à plus tard les explications. A contrario, les dix quinze dernières minutes expédient enjeux et intrigues sous forme de saynètes muettes accompagnées d’une petite musique d’ambiance branchée 70’s. Radical certes, mais bancal. Comme si le film se contractait soudain, ne se réduisait plus qu’à ses simples conclusions, et puis qu’on passait à autre chose, pressé, la tête déjà ailleurs, en ayant retenu de tout ça le strict minimum. Genre cirque de la vanité. Obsession de la jeunesse. Fixette de l’attribut. Signes extérieurs de la réussite. Brève histoire du temps. Fourmis. Hommage à Buñuel. Générique. OK. Merci Quentin. Bye bye. À la prochaine.
Article sur SEUIL CRITIQUE(S)