Avec Incroyable mais vrai, Mr Dupieux perpétue un exercice de style maintenant bien rodé. Nous retrouvons en effet sa patte si particulière, qu'on apprécie ou pas : un format assez court, une caméra crayeuse, un ton comique et surtout un postulat absurde voir surréaliste. C'est ce dernier point que nous aimons voir de plus en plus travaillé, même si Quentin se montre encore un peu timoré.
Ici l'ensemble est donc plutôt bien ficelé, les acteurs sont très convaincants, la réalisation moite et relativement sobre, efficace, le montage déroutant, le scénario et les gags amusants, mais c'est bien sa substantifique moelle qui fait tout l’intérêt du film.
Ainsi on peut croire que Dupieux cherche à la manière de Buñuel à sublimer son propos et à camper la fable surréaliste. Le penchant absurde et la découpe du film serviraient en ce sens à une critique politique des rituels sociaux vains et avortés. Assumée jusqu'à la dernière partie, quasi muette et automatique, qui laisse l'image presque finale faire fourmiller la psyché.