Avant la sortie du quatrième volet tant décrié, "Indiana Jones et le temple maudit" a toujours été l'épisode le plus dénigré de la saga imaginée par George Lucas et Steven Spielberg (ce dernier se montrant lui-même très critique sur son propre film), par ailleurs adulée par des millions de spectateurs à travers le monde.
Sans être moi-même un fan absolu d'Indy, je crois que ce sont les mêmes raisons qui me font rester circonspect sur ce deuxième opus.
Avec en premier lieu l'obsession de Spielberg pour la famille, qui le pousse à adjoindre deux sidekicks pénibles à son héros aventurier, reconstituant ainsi de manière peu subtile une cellule familiale symbolique.
D'ailleurs le procédé rappelle très fortement "L'homme de Rio" de Philippe de Broca, qui rassemble également un papa courageux, une maman fatigante et un petit garçon indigène plongés dans des aventures à l'autre bout du monde.
Car si Demi-Lune, l'orphelin chinois qui accompagne Indy, se révèle assez vite tête à claques, la palme du personnage le plus irritant revient sans conteste à Willie, la meneuse de revue vénale et braillarde incarnée par la non moins agaçante Kate Capshaw (qui deviendra pourtant l'épouse du réalisateur!). Dire que dans "Les aventuriers de l'arche perdue", le premier rôle féminin était confié à la charmante Karen Allen...
Au chapitre des changements défavorables à cette suite, il faut aussi noter le doublage d'Harrison Ford dans la VF, lequel hérite de l'affreuse voix nasillarde de Looping dans "L'agence tous risques".
D'autre part, pour équilibrer la tonalité grand public, les auteurs choisissent d'accentuer l'aspect sombre de l'œuvre, avec davantage de scènes gore et de cruauté de la part des méchants : pas forcément une grande réussite, entre la lourdeur du banquet (et ses mets peu ragoûtants) et le sadisme de pacotille qui ne fera guère frissonner que les enfants.
Et pourtant, en dépit de tous ces désagréments, la magie Indiana Jones opère quand même un minimum au sein de cet épisode. Spielberg propose à nouveau une mise en scène imaginative et enlevée, signant un rollercoaster rythmé et coloré, riche en sensations fortes et en séquences jubilatoires. Le début (avec une scène d'introduction jamesbondesque survoltée) et la fin du métrage notamment sont très réussis, à l'inverse d'un ventre mou assez longuet à l'intérieur du temple.
Malgré ses défauts qui en font le plus faible de la trilogie, "Indiana Jones et le temple maudit" reste donc un film d'aventures à l'ancienne tout à fait regardable, grâce notamment à ses divers moments de bravoure et à l'aura toujours intacte de son héros mythique.