Fort de ses plus de 2h30, Indochine fut quelque part un ovni dans le cinéma français, car il ose la fresque. Raté ou pas, là n'est pas la question, mais il a une ampleur rarement vue, magnifié par ses sublimes décors, qui d'ailleurs sera couronné de succès, le film étant le dernier de langue française à avoir eu un Oscar.
L'action se passe dans l'Indochine des années 1930, à l'époque colonie française, où l'héritière d'une usine de caoutchouc va adopter une petite vietnamienne, qui va connaitre l'amour avec un lieutenant de la marine. Au départ, ce dernier a une liaison avec cette riche héritière, que joue magnifiquement Catherine Deneuve, et qui n'a rien à envier à une Katharine Hepburn, puis lors d'un assaut, il va sauver sa fille adoptive. Alors, cette dernière, très fleur bleue, va tomber folle amoureuse de son sauveur, qui ne va pas être insensible à sa beauté orientale.
A travers le romanesque, Régis Wargnier tente de raconter, sur une bonne vingtaine d'années, l'évolution politique de la situation entre la France et l'Indochine, à travers ces amours naissants, et où le colonisé va vouloir reprendre ses terres.
Tout passe à travers ces excellents acteurs que sont Vincent Perez, Linh Dan Pham, et Catherine Deneuve. On trouve aussi Jean Yanne et l'excellente Dominique Blanc.
Comme je le disais, à travers ces superbes décors du Vietnman, le réalisateur trouve une belle ampleur, mais il est dommage qu'il n'ait pas su éviter l'écueil du temps qui est bizarrement géré, à savoir les années de la Seconde Guerre Mondiale puis l'indépendance du Vietnam qui sont très vite évoqués, et surtout l'évolution du personnage de Vincent Perez, dont on dirait que tout se fait en quelques jours, alors que ça prend des années dans l'histoire.
Il en résulte un film intéressant, dont les 2h30 passent sans soucis, mais ses maladresses de construction, et ce que j'appelle le manque d'une véritable émotion, l'empêchent d'accéder au stade supérieur. Néanmoins, je comprends son succès fou, car il a pour lui des amours interdites.