Eliane, gérante d'un domaine d'hévéas, élève seule sa fille adoptive Camille. Seul Jean-Baptiste, jeune militaire de la marine coloniale peut faire flancher Eliane, distante et altière, à la fois nostalgique et pragmatique sur la cohabitation intenable entre Français-colons et Vietnamiens. Car la volonté d'indépendance gagne les plantations, la populations et bientôt Camille. L'action du film s'étire des années 1930 jusqu'en 1954, date des accords de Genève et la fin de la présence coloniale française.
Indochine est l'histoire d'une fracture générationnelle, familiale, historique et coloniale. Une fêlure naissante qui accouchera d'une longue plainte languissante vers la liberté. Le film nous projette dans ce sentiment d'immensité grâce aux plans larges des paysages de rizière, des forêts d'hévéas et à la musique grandiloquente. Cette tension d'une beauté fragile et écrasante est représentée par Catherine Deneuve, rayonnante.
Il émane de ce film un sentiment de pesanteur, telle la sueur qui colle à la peau des Français, attestant de fait qu'ils sont irrévocablement inadaptés au climat des terres d'Indochine. Même si certains passages sont trop envolés, Indochine relève de ces drames romantico-historiques qui vous prennent à bras le corps. A l'image de la danse gracieuse entre la mère et la fille, valse qui vire au combat entre la colon et l'autochtone.