Marcel ( Benoît Poelvoorde ) un écrivain à l'allure un peu gênée, qui déménage avec sa femme, Jeanne ( Mélanie Doutey ), et sa fille Lucie ( Janaina Halloy ) dans cet immense manoir, ce vaste terrain familial, où il cherche désespérément l'inspiration. Quand soudain apparait de façon inexorable cette fille, Gloria ( Alba Gaïa Bellugi ), un peu perdue, sombre, et se chien, Ulysse, qui ne semblait être là que pour elle, comme une invitation à s'introduire dans leurs vies. Intelligente et sournoise, qui explore chaque coin et recoin de cette grande maison, jusqu'à en maitriser l'espace, se dilaté pour mieux se contracter en chacun d'eux, afin d'atteindre cette chimère, toucher son rêve de lumière, construit à travers ce cahier des secrets. Elle s'accroche même jusqu'au plus profond des ombres, pour s'abandonner aux sexes et a la violence, entrainant autour d'elle un sentiment de tension et d'insécurité. Une bombe à retardement qui n'attendait que le moment d'exploser, le mal qui jaillit de l'ignorance, et du mensonge, qui n'a jamais su l'oublier, garder les pages du passé, et se torrent d'écriture qui n'a pas totalement rempli sa vie, loin de l'innocence qu'on interrompt un jour, celle de l'enfance qui souffre.
Fabrice du Welz est un réalisateur qui livre ici une étude sur la rupture entre la vérité et le mensonge, cette obsession sans limite qui conduit à la souffrance jusqu'au sang, devenant sordide avec des comportements aussi pervers chez Marcel, que chez Gloria, aux penchants les plus bas. Deux attitudes qui se ressemblent dans cette demeure pleine de secrets et de silhouettes aux regards cachés, laissant place à un monde qui s'effondre lorsque le chantage entre en scène, le traumatisme d'une vie.
Inexorable, sans être un très grand film, et malgré quelques moments d'étrangeté et d'interrogation, reste un thriller de bonne facture. L'interprétation de Benoît Poelvoorde, et surtout la présence de ces yeux à l'expression vide et noire de la séduisante Alba Gaïa Bellugi, qui ne veut vivre qu'aux côtés de son objet de convoitise, pendant qu'il s'enfonce maintenant au milieu de tous ces livres sans lesquels il n'est rien. C'est une rencontre animale, l'instinct de la bête blessée, quelque chose entre eux, qui leur rappelle se souvenir qui ne les quittera jamais.