On avait envie de lui donner sa chance à ce film, malgré les échos désastreux. Un film de virus, déjà vu, mais pourquoi pas. Les histoires peuvent être bonnes. Le simple souvenir du «Fléau» de Stephen King (roman, pas l'adaptation télévisuelle) suffit à nous évoquer un paysage d'apocalypse, un rêve de nouveau monde, une lutte de tous les instants pour la survie. Et l'affiche donne envie. C'est bête, mais ça joue. On avait envie, mais on a mal fait.
J'eus la naïveté de penser qu'un projet de film devait se construire autour d'un scénario. Quel sot. «Infectés» ne s'est pas donné cette peine. L'histoire - mais quelle histoire au fait ? – Se résume en une quête de plage avec des tortues, où, visiblement, il fait bon vivre. Les virus ça ne résiste pas aux plages. Enfin, faut croire.
Les survivants plantent d'emblé des règles de survie qu'ils n'ont de cesse de transgresser. Dès les premières minutes. Tant et si bien qu'on peine à croire qu'elles aient un jour existé. Tout comme les personnages d'«Infectés», dont on ne sait rien, tellement creux et antipathiques qu'on souhaite qu'ils y restent à chaque nouvelle scène, histoire d'abréger leur souffrance et la notre. Il y a un intello, on nous le répète tout le film. Mais à quel moment fait-il un truc d'intello ? A oui, il tend une bâche dans la voiture à un moment. Grand. Machiavélique. E=MC2. Mais c'est qui la blonde à côté de lui tout le temps ? A mince, le film est fini, je n'ai pas eu la réponse. Il y a aussi la brute un peu sensible parce qu'il (c'est un homme) a enterré des corps et du coup ça le fait pleurer mais dont l'arrogance et la bêtise lui font commettre des actes qu'en vrai tu n'imagines pas un seul instant mais pas beaucoup plus en film. Et sa gonzesse, dont tu sais très bien qu'elle va être la première à y rester.
Incohérence majeure, le virus, censé être extrêmement contagieux, tellement que le SRAS ou H1N1 ne semblent être que des broutilles, ne pousse pas les naufragés de la route (et du cinéma) à se protéger outre mesure. Un petit masque, rapidement – et très peu – enfilé, qu'on ne voit même pas protéger d'un rhume.
Il paraît que « l'homme est un loup pour l'homme » est la morale de cette histoire. Original. On aurait juste souhaiter voir à quel moment cette maxime est évoquée.