Mis en chantier suite au succès d’Infernal Affairs, cette fausse suite prolonge par les origines les personnages du premier film. On retrouve à cette occasion l’ensemble du casting original dans leur rôle respectif, notamment Edison Chen et Shawn Yue, aperçu dans le prologue du précédent volet et qui reprennent ici logiquement le relai d’Andy Lau et Tony Leung.
Il était à craindre que ce préquel ne soit qu’une pâle réitération d’Infernal Affairs. Il n’en est rien ; Andrew Lau, Alan Mak et le scénariste Felix Chong, tout en conservant la dimension "espionnage" du précédent volet, déjouent les attentes en livrant cette fois une mini fresque criminelle (le film ne durant que 119 minutes) rappelant vaguement Le Parrain de Francis Ford Coppola. Si ces trois auteurs ne sont évidemment pas Coppola et Mario Puzo, leur travail d’écriture demeure néanmoins de qualité. Plus ambitieux sur le papier, Infernal Affairs 2 voit donc le nombre de protagonistes être considérablement augmenté, tandis que les personnages jadis secondaires occupent une place plus importante dans cette origin story. Mak et Chong jettent ainsi sur ceux-ci une lumière différente – particulièrement sur l’inspecteur Wong et le criminel Sam – les rendant moins unidimensionnel. Une intelligence d’écriture présente jusque dans l’usage du contexte historique – la rétrocession de Hong-Kong à la Chine en 1997 – venant renforcer l’idée d’un changement de régime au sein de l’empire criminel. Brillant !
La réalisation, plus conventionnelle, et le montage, plus posé, donne à l’inverse l’impression d’un opus moins stimulant sur le plan visuel que ne l’était le premier. Une sobriété qui permet in fine au spectateur d’appréhender les différents arcs qui composent l’intrigue, Alan Mak et Andrew Lau ayant ici adapté l’habillage de leur film à la densité du récit. Ce qui n’est finalement pas un mauvais choix. On ne pourra malheureusement pas en dire autant des deux jeunes acteurs principaux, Edison Chen et Shawn Yue, bien trop insipide pour marquer les esprits. A l’inverse, Eric Tsang saisit là l’opportunité de dévoiler la richesse de sa palette de jeu, étoffant ce personnage de petit ponte de la Triade par une humanité bienvenue, sans pour autant le dénaturer.
Bref, Infernal Affairs 2 est loin d’être le préquel opportuniste tant redouté.