D'abord réticent au projet sans toutefois être moins intrigué, j'ai au final tout bonnement aimé ce Inglourious Basterds promis depuis tellement longtemps. Car on se souvient tous des déboires qu'a connu le film : tournage repoussé, casting variant, changement de titre... Ceci dit, avec ce septième long-métrage, QT réussit à conserver son style tout en amenant le spectateur dans un nouveau genre, celui du film de guerre. Le metteur en scène américain impose une fois de plus sa patte et nous livre une galerie de personnages variés et attachants, des scènes longues et posées agrémentées de lignes de dialogues réfléchies, une violence graphique sanglante et une histoire divisée en plusieurs chapitres, se rejoignant tous au final.
Dès l'introduction, nous sommes immédiatement placés dans le bain : posée mais intense, longue de près de 20 minutes, cette réflexion sur le judaïsme si promptement élaborée nous renvoie dans le passé avec une efficacité désarmante. La réussite de cette scène repose bien sûr entièrement sur les épaules de la révélation Christoph Waltz, polyglotte allemand parfaitement à l'aise en tortionnaire nazi aussi dégueulasse que sympathique. Le scénario met quant à lui en place une réalité alternative en pleine Seconde Guerre Mondiale où une rescapée juive prépare une douce vengeance, où un bataillon de soldats américains anti-nazis (les fameux « Bâtards », véritable troupe dingue et raciste emmenée par un Brad Pitt déjanté) décide d'attaquer le Führer, où un univers surréaliste se crée sur une foule de personnages plus importants les uns que les autres.
Nous y trouvons donc la Française Mélanie Laurant (bien dirigée), les Américains Eli Roth et Paul Rust, l'Anglais Michael Fassbender, véritable petite trouvaille digne de Tarantino sans oublier les Allemands Daniel Brühl, Til Schweiger et l'excellente Diane Kruger ainsi que le surprenant August Diehl dans un rôle tout bonnement mémorable. Le film continue sur sa lancée, proposant une réflexion aboutie, drôle et visuellement époustouflante (quoique bien en-deçà de l'univers de Kill Bill) et ce, malgré quelques baisses de rythme inutiles et des longueurs évidentes (propres à Tarantino). Ainsi, Inglourious Basterds n'est pas le meilleur film du réalisateur mais est sûrement l'un des plus surprenants, l'auteur ayant fait le premier pas du film historique, toujours à sa sauce, toujours aussi violent.