Ink, homme de main mystérieux, kidnappe une jeune fille et l’emmène dans un monde parallèle, là où il doit la livrer. L’esprit de la petite et donc entre ses mains mais son corps, resté dans le monde réel, est plongé dans un profond coma. Un groupe d’hommes et de femmes va tenter de la ramener à la vie mais il faut faire vite, ils doivent agir avant que le colis n’arrive à destination.
Difficile d’introduire le scénario sans en dire trop et sans vous ôter le "formidable" plaisir de ne rien y comprendre. Ink, c’est donc une histoire fantastique, parfaitement métaphorique qui nous transporte sans prévenir dans un univers original où conscient et inconscient s’emmêlent. On y suit l’éveil d’un père confronté à la mort, cherchant des réponses à ses incompréhensions. Très énigmatique, la scénario se révèlera dans les dernières minutes lors d’un twist inattendu, et l’on comprendra enfin de quoi le réalisateur voulait nous parler. Car durant tout le film, le spectateur est littéralement perdu car noyé dans un flot d’informations, d’images et de musiques oppressantes qui rendent incompréhensible le propos.
Montage ultra-cut, utilisation de 36 axes de caméra différents, retouche systématique de l’image, bande-son omniprésente, le réalisateur c’est arraché les cheveux pour faire rentrer dans son film tout les effets de styles contemporains utilisés pour donner du corps à une image vide. Malheureusement, il ne contrôle aucuns de ces éléments et les utilisent pourtant constamment. Certes, parfois cette surcouche stylistique peu servir le fond, le monde étant séparé entre réel et imaginaire, mais malheureusement, ils s’imposent trop souvent là où ils sont parfaitement inutiles et plongent alors le film dans une overdose visuelle, auditive et émotionnelle. Comme si il ne suffisait pas de ne pas maitriser son art, Jamin Winans trouve ici l’arrogance et le temps nécessaire pour détruire bon nombre de règles cinématographique. Il s’amuse ainsi à filmer sous tout les angles possibles ses personnages, à mélanger au montage tout ses plans différents et à les assembler frénétiquement et trop souvent sans logique.
Ink est donc un film à la narration totalement déstructurée, son réalisateur étant incapable de filmer simplement une seul scène. Il a du confondre philosophie et complexité incompréhensible et s’attache alors bien trop à la forme qu’au fond. Il en résulte certes quelques trouvailles visuelles intéressantes (frôlant même parfois le génie) mais elles sont trop souvent mal exploitées. Au final, il n’en restera que trop peu pour faire de Ink l’ovni qu’il aimerait être; car noyé sous une superficialité écœurante faite d’effets spéciaux cheap et de musiques languissantes, le spectateur n’aura alors aucun moment de répit pour tenter de comprendre l’histoire. Tout l’impact philosophique du film est alors amoindri et l’on ne se contentera donc que de son esthétique et de son univers original dans lequel le réalisateur parvient toutefois à nous plonger. Mais on ne pourra que regretter qu’il ai fallu tant de moyens pour y parvenir.