(Voir pour commencer: https://www.senscritique.com/film/A_l_interieur/438500 , puis alterner avec cette critique):
... À l'intérieur, le film français, et Inside, sa réécriture espagnole aux accents américains, à Inside, le moins apprécié des deux. La plupart semblent en effet ...
... Ce que la version espagnole fait peu ou de manière du moins bien trop conventionnelle. La femme étrange semble moins une sorcière qu'une infirmière appartenant à un réseau de trafic d'enfants. La violence y est plus sourde ou accompagnée d'une piste sonore classique.
Cependant, à être trop stylisée, la version française perd en réalisme. Inside, par exemple, prend le temps de bien poser le contexte, avec moins de subtilité mais s'en trouve plus abordable. L'absence d'apparition du nourrisson in utérus lui donne aussi un aspect plus concret, troquant ce choix français avec une surdité venue de l'accident qui justifie certains quiproquos et certaines faiblesses de l'héroïne.
Inside fait aussi le choix d'avertir de la réalité des faits narrés ...
... quand Inside fait le choix assez improbable de la femme lambda qui s'est changée en peu de temps en parfaite petite infirmière aguerrie et voyeuse organisée.
Cela dit, Inside fait aussi le choix de ne pas se disperser et choisit, par exemple, de faire entrer en scène une patrouille de police réduite à un vieux briscard et une bleue ...
... l'épouvante !
À l'intérieur joue certes un peu sur cette corde dans l'entrée en scène de l'antagoniste, photographiquement stroboscopique, flashs obligent, comme en citation de Fenêtre sur cours d'Alfred Hitchcock, rappelant bien la profession de l'héroïne. C'est pourtant Inside qui jouera plus sur le suggérer, rendant le déroulement du récit souvent plus plausible. Les scènes de meurtres sont tout aussi choquantes sans tomber dans l'exagération et l'hémoglobine facile. À l'image de son affiche, finalement. À l'intérieur, aussi, témoigne par son affiche de sa volonté artistique, dans le face à face en chiens de faïences des deux femmes bleue lune et nuit et rouge colère et sang.
C'est donc le goût de l'épouvante qui fera la préférence pour Inside et celui de l'horreur qui fera la préférence pour À l'intérieur.
Une différence de ton et de modus referendi - façon de raconter l'histoire - qui se retrouve jusque dans les deux Sarah et leurs deux fins. ...
... La Sarah d'Inside semble la victime d'une vendeuse d'enfants peu scrupuleuse dont le crime prémédité se dévoile peu à peu. C'est une héroïne typique de récits dysphoriques, de récits fantastiques, qui prend peur, qui découvre avec horreur ses erreurs, qui crie, qui hurle, qui pleure et qu'on interpréterait à tort comme une femme faible. Car il lui faudra beaucoup de force pour faire face à son antagoniste ! Femme perdue et effrayée, qui ne sait plus si ce qu'elle vit est réel, elle cherchera jusqu'au bout à comprendre les agissements de sa tortionnaire.
Et, comme dans ce genre de récit, où tout tourne autour d'une énigme à résoudre, Sarah survivra de peu à la révélation finale qui fait d'elle une meurtrière qui s'ignore, jugée telle suite à l'accident initial. Sa culpabilité n'étant que l'interprétation désespérée de son antagoniste, elle se défera de cette dernière en la purifiant par l'eau ou en la renvoyant dans un autre monde, celui des croque-mitaines. Cette résolution semblera bien classique à certains, qui maudiront au passage l'allusion aux prénoms envisagés pour l'enfant, certes assez déplacée. Mais ce final a le faste de celui d'À l'intérieur, tout en restant plus crédible, moins dans la surenchère d'hémoglobine et en ramenant le récit vers la vie normale par la purification aquatique. L'eau de baptême chrétienne de la Vieille Amérique contre la sang païen primitif de la Nouvelle France, là aussi, chacun fera son choix.
.... fin sur la critique d'À l'intérieur