Troisième film de Nicolas Winding Refn, celui-ci tente l'aventure américaine, avec un scénario (co)signé par Hubert Selby Jr, et qui rejoindra bien ses obsessions à venir. Ici, nous suivons John Turturro, un vigile d'un centre commercial qui ne se remet pas de la mort de sa femme, assassinée à ce même endroit, au parking. Alors que l'enquête policière ne va pas assez vite pour lui, il va faire sa propre enquête.
Ce qu'on remarque tout de suite, c'est bien entendu John Turturro, que l'on voit rarement dans un rôle principal, et qui plus est présent à chaque instant. Il est étonnant dans ce rôle complètement dépassé par la situation, et qui a l'air complètement crevé à chaque fois qu'on le voit. Probablement que ça joue sur ce qu'on voit à l'écran, ou l'imagerie de Nicolas Winding Refn qui s'exprime dans des tons très rouges...
L'influence du giallo, on pense à Suspiria est évidente, je pense en particulier aux scènes dans l'hôtel, qui sont toutes avec une thématique rouge très marquée, signe évident que le mental de cet homme n'est pas si équilibré que ça... Tout le film baigne dans une atmosphère assez particulière, très contemplative, qui rappelle fortement de futurs films de Refn comme Only God Forgives ou Valhalla Rising dans cette manière de poser un climat. Et encore plus quand on entend la musique de Brian Eno, qui ressemble à une nappe assez désagréable faite de basses.
Si on connait déjà le cinéma de Nicolas Winding Refn, je dirais que le film rentre tout à fait dans ce qu'il fera plus tard, et qui semble plus correspondre à ce qu'il veut, à contrario de Pusher.
Malheureusement, l'échec commercial du film va le contraindre à renoncer temporairement à son style et revenir à Pusher 2 & 3.