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C'est drôle : j'ai été à la fois extrêmement séduit et légèrement frustré par le dernier film des frères Coen. D'un côté, difficile de ne pas se régaler devant une réalisation d'orfèvre, calculée au millimètre et faisant tout pour rendre l'œuvre inoubliable visuellement. Mission plus qu'accomplie, la sublime photographie de Bruno Delbonnel rendant à la perfection l'ambiance brumeuse des clubs de Greenwich Vilage dans les 60's. De plus, difficile de ne pas s'attacher à ce personnage au comportement parfois assez lamentable, mais tellement poursuivi par une poisse d'anthologie que l'on ne peut que compatir régulièrement, d'autant que plusieurs situations tragi-comiques sont absolument irrésistibles.
Pour autant, si le regard est moqueur, il n'est jamais condescendant, même presque tendre vis-à-vis de ce loser (excellent Oscar Isaac) vraiment pas comme les autres, talentueux sans être génial pour autant. Quelques rencontres sont ainsi formidables, en particulier celle avec le grand F. Murray Abraham, amenant ce qui est la meilleure scène du film tant on comprend toutes les contradictions du héros à ce moment. Et on a même droit à de très jolis moments, notamment deux scènes d'une grande sensibilité avec Carey Mulligan, sans parler d'une bande-originale merveilleuse, faisant qu' « Inside Llewyn Davis » s'écoute autant qu'il se regarde.
Reste que malgré toutes ces superbes qualités, j'avoue que le renouvellement tant espéré chez les frangins n'est pas encore d'actualité. Nous sommes en effet presque en terrain connu, ce qui n'est pas forcément un problème lorsque celui-ci est d'aussi grande qualité, mais où l'on ne retrouve plus le parfum enivrant qui caractérisait leurs chefs-d'œuvres de la grande époque. Cela dit, ne serait-ce que retrouver la patte des frères Coen et leur univers unique est déjà une belle satisfaction en soi, le spectacle demeurant de fort belle facture. On pouvait donc espérer encore plus, mais la réconciliation avec Ethan et Joel est en marche : allez les gars, encore un petit effort, et vous redeviendrez les génies que vous avez pu être il n'y a pas si longtemps.
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Créée
le 21 avr. 2018
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