Ce film, réalisé par Claude Chabrol un an après "poulet au vinaigre", est dans la même veine. En pire.
Je n'avais pas été convaincu par le premier. J'avais alors réussi à terminer sur une note positive car c'est dans ce film que j'avais découvert que le paprika sur les œufs au plat, c'est vraiment excellent. Eh bien, je pense que je ne pourrai même pas trouver un truc positif dans "Inspecteur Lavardin".
On est ici clairement chez Chabrol. Univers glauque, grande bourgeoisie qui se la pète dont Chabrol va montrer, bien sûr, combien tout ça c'est pourri. Comme dans le premier opus, l'enquête part un peu dans toutes les directions mais on comprend très vite que la plupart ne sont que de fausses pistes. On comprend très vite car les ficelles sont grosses comme des baobabs. Même moi, je les ai vues, c'est dire …
Petit spoiler : Par exemple, l'équipe de théâtre où les acteurs jouent à poil une pièce qui s'intitule "Notre paire qui êtes aux cieux", le seul truc marrant du film qui apparait juste au tout début. La troupe se voit interdire (au nom de la morale) le spectacle par le gars qui va se faire dessouder tout nu sur la plage avec un "porc" écrit sur son dos.
Pour un flic bas du front, c'est forcément chez eux qu'il faut chercher le coupable ; ben non. Evidemment.
L'enquête est molle mais molle. Tout ça pour qu'à la fin le flic fasse, en plus, un déni de justice. Qui plus est, quand on y réfléchit une minute, complètement idiot et vain.
Je ne crains pas la caricature dans un film mais là, on se croirait presque (pas tout-à-fait quand même) dans les "Mocky" en fin de carrière. Avec des personnages pas assez travaillés, des rôles qui sombrent dans la facilité, des personnages annexes qui ne servent à rien dans l'intrigue. Même pas à fournir des fausses pistes.
Par exemple, la victime (Jacques Dacqmine) est un écrivain ultra catholique (parce qu'il récite le benedicite avant de se mettre à table) (un de mes éclaireurs qui pourrait se reconnaître si elle lit jusque-là, me rétorquera, à juste titre, que, justement, ce n'est pas un vrai catho). Donc je disais, la victime est un écrivain que Chabrol fait "jouer" au catho pur et dur mais, qui en douce n'hésite pas à faire de bonnes et graveleuses entorses à son code moral. Mais tout ceci est tellement sans finesse, tellement téléphoné, qu'on s'assoit, on sort son mouchoir et on pleure de dépit…
Le casting
Jean Poiret, l'inspecteur Lavardin. Comme déjà dit dans "poulet au vinaigre", j'ai beaucoup de mal à apprécier son jeu qui est à la fois brutal, maladroit et toujours l'air de se foutre à la fois de son rôle et du public (dont je fais partie). On ne dira rien de ses méthodes policières border line puisque c'est le scénario qui le veut. Par contre, le scénario le définit proche de la famille de la victime, ce qui rend les choses non seulement glauques mais (inutilement) ambigües. En quelques mots, le personnage et l'acteur ne sont guère crédibles.
La jeune fille (Hermine Clair, inconnue semble-t-il) qui a un rôle un peu plus que de figuration joue affreusement mal. Pas crédible surtout lorsque le spectateur a compris les tenants et les aboutissants.
Jean-Claude Brialy dans le rôle du parasite total est le seul qui me parait surnager à peu près correctement. Quelques réparties qui peuvent tirer un (petit) sourire du spectateur si ce dernier est complaisant et bon public.
Bernadette Lafont, l'épouse de l'écrivain assassiné, est ici aux abonnés absents. Pourtant c'est une fidèle chez Chabrol. Là elle n'est que l'ombre d'elle-même dans un rôle semi-contemplatif.
En bref, pour conclure, tout ceci (l'histoire et le jeu des acteurs) n'est pas terrible et pas très convaincant.