Into the Abyss par LuluCiné
Avec Into the Abyss, Herzog tient un sujet qui passionne tout le monde ; que ce soit notre fascination pour ces gens qui passent à l'acte ou notre justice qui envoi des coupables dans les couloirs de la mort, on est tous plus ou moins friand de ce genre d'histoires qui tournent mal. Et pourtant Herzog va bâcler son sujet avec un rythme réduit à néant peuplées de questions inutiles et surtout son manque de neutralité.
Il ne pose pas simplement sa caméra puisqu'il dirige les commentaires avec ses questions. On entre assez vite dans l'enquête sur les meurtres avec des vidéos d'archives de la police, images très prisées pour évoquer l'horreur, mais malheureusement tout au long du documentaire il m'a manqué beaucoup d'éléments pour que je puisse comprendre les enjeux de ce vol de voiture transformé en triple homicide.
Le flou, c'est un peu ce qui ressort du documentaire, on est sans arrêt plongé dans des interviews qui parfois ont du sens et parfois non ; le cas de Jason étant plus largement traité que celui de Michael, tout deux ne révélant rien de la nuit sanglante. Quand l'un est souriant dans le couloir de la mort, l'autre a le visage grave dans sa peine de prison ferme ; nous ne rentreront pas dans les abysses du mal, Herzog préférant se tourner sur la mécanique de la peine de mort vers la fin de son documentaire. Surréaliste scène d'interview entre une fille de victime satisfaite de la mort du coupable et un réalisateur rejetant la peine de mort devant elle.
Si la plupart des interviewés feraient eux même un bon sujet de film, je pense notamment à cet homme qui accompagne les détenus jusque dans la mort qui un jour à craqué face à ce système, il n'en reste pas moins un mélange flou et confus sur le propos.
Pourquoi ne pas carrément se radicaliser sur son point de vue et traiter la peine de mort plutôt que de prendre exemple sur un meurtre et tout ce qui en découle autour ?
De Michael Perry vous ne saurez pas grand chose, de Jason Burkett vous saurez qu'il a eu une vie difficile, stéréotype d'une enfance gâchée qui mène au crime.
Sans pour autant excuser les meurtres, Herzog imposera son point de vue parfois avec indélicatesse, se fourvoyant avec trop d'interviewés (pas souvent utiles) et des questions se voulant proches de la personne mais sans pour autant apporter crédit à l'histoire. Il m'en reste une déception accrue face à une réalisation molle.