Avec Introduction, Hong Sang-Soo pousse le minimalisme qui lui va si bien à son paroxysme : la durée du film (à peine plus d’une heure) en est la preuve la plus concrète, mais le somptueux noir et blanc mêlé au numérique que le réalisateur maitrise parfaitement donne une esthétique très douce aux différents chapitres qui composent le moyen-métrage. Les deux premiers sont relativement courts par rapport au troisième, permettant ainsi de donner à la superbe scène au restaurant — allègrement accompagné d’alcool, révélateur principal de la moralité des personnages dans l’oeuvre du réalisateur — encore plus d’intensité. Chaque séquence se termine sur une embrassade (amicale ou amoureuse), court moment de tendresse qui contraste avec la dureté de ce que vivent les jeunes personnages. Introduction joue énormément avec les non-dits et les hors-champs, les débuts de chapitre nous perdant temporairement dans la temporalité de l’histoire. Le film porte bien son nom : chaque moment est d’une réelle beauté et n’est qu’une captation de quelques instants dilués dans des vies bien plus riches, celles de la jeunesse, que Hong Sang-Soo filme avec brio.