Certains cinéastes, des japonais notamment, ont parfois réalisé le remake de leur propre film, des années plus tard (Ozu, par exemple). Kiyoshi Kurosawa, lui, n'a attendu que quelques mois pour tourner une nouvelle version d'une pièce de théâtre qui avait donné Avant que nous disparaissions. Le même thème -des extraterrestres infiltrent le corps d'humains et se servent de guides pour voler des concepts et mieux connaître la planète qu'ils vont envahir et ceux qui l'habitent- mais traité différemment. De la SF qui lorgne plutôt le cinéma américain des années 50 ou des séries du type Les envahisseurs, sans effets spéciaux mais avec des préoccupations psychologiques et surtout ontologiques."Rien n'est plus étrange que l'humain" prétend l'accroche du film. Certes, mais rien n'est plus beau semble dire le film dans son dénouement où l'amour s'oppose à la volonté de l'ennemi alien. Film bizarre et pénétrant quoique plus rien n'étonne de la part de Kurosawa, thriller au sang froid qui évolue à son propre rythme, pas loin d'être languissant, à part dans une dernière partie foisonnante d'action (et pas la plus convaincante). Invasion a une belle gueule d'atmosphère et duquel s'exhale un fatalisme triste qui n'exclut pas l'énergie de se battre pour des valeurs. La narration d'Invasion pourra sans doute lasser certains, elle est pourtant fascinante et submersive pour peu qu'on ne cherche pas le réalisme dans le film mais qu'on se laisse aller vers les rivages de la parabole et de l'onirisme. Le voyage ne manque pas d'attraits.