Quatrième adaptation officielle du roman de Jack Finney (mais seulement la deuxième que je vois), « Invasion » n'est clairement pas à la hauteur de son illustre modèle, l'immense film de Don Siegel. Certes, je comprends que cette histoire fascinante soit à nouveau adaptée tous les quinze-vingt ans, et la voir en 2021 n'est évidemment pas anodin tant elle est, évidemment, bien plus d'actualité qu'en 2007, année de sa sortie, proposant une vision très crédible d'un monde en crise face à un mystérieux virus (très différent de celui qu'on connaît, quand même).
On sent qu'Oliver Hirschbiegel essaie d'y introduire une forme de personnalité : sa mise en scène, ses scènes d'action, certains plans apparaissent un peu plus originaux, différents de ce qu'on voit habituellement pour ce type de productions. Le rythme est assez soutenu et Nicole Kidman confirme que la classe, on l'a en toutes circonstances.
Maintenant, niveau valeur ajoutée, il n'y a vraiment pas grand-chose : certes, il y a plus de moyens, mais surtout beaucoup moins de charme et peu de place pour la subjectivité, l'imaginaire. Comme le sujet est bon, on a forcément droit à des réflexions intéressantes, mais, là encore, déjà vues et traitées avec plus d'habileté ailleurs. Surtout, lorsque le scénario apporte des changements importants, ils sont toujours en défaveur du film tant
cet optimisme et l'incroyable talent des scientifiques pour trouver un vaccin à la vitesse de l'éclair surprend.
Certes, on essaie de nous faire un dénouement pas trop
« happy end »
en s'interrogeant sur la nature humaine profonde de l'homme, mais cela fais plus cache-misère qu'autre chose : à croire qu'au XXIème siècle, on ne peut plus faire de
fin ouvertement pessimiste
pour un titre grand public... Cela nuit à l'esprit de l' œuvre, donnant une impression de « passage en force » peu crédible et mal amenée. Bref, si l'on a quand même vu bien pire et qu'il fait son petit effet post-Covid, « Invasion » n'a clairement pas les épaules pour passer à la postérité qu'il pouvait espérer.