Quand on parle de grands réalisateurs dans le domaine du Fantastique et de la Science-Fiction, un nom revient souvent : John Carpenter. Ayant beaucoup aimé Halloween et The Thing, je me suis lancé dans une exploration du reste de sa filmographie. Mon voyage m'a amené a un film que beaucoup de gens considèrent comme un classique de la SF, Invasion Los Angeles.

Sorti en 1988, le film nous raconte l'histoire de John, un vagabond qui vient chercher du travail sur les chantiers de Los Angeles (cqfd). Après s'être installé dans un bidonville, il découvre une mystérieuse paire de lunettes qui lui montre le vériable monde autour de lui : une société extraterrestre est en train de s'emparer du monde et a diffusé des messages subliminaux pour contrôler les humains. Avec l'aide d'un collègue de travail, John se dit qu'il est tant de renvoyer les E.T chez eux à coup de fusil à pompe.

À la fois satirique et politique, mais aussi bourrin et un peu foufou, Invasion Los Angeles est une oeuvre de SF avec une idée de base plus qu'originale. En fait, le film s'inspire de la nouvelle Les Fascinateurs écrite par Ray Faraday Nelson.


Comme dit plus haut, je trouve que sur le papier, l'idée est géniale. Un vaste complot organisé par des extraterrestres, et avec comme protagoniste une espèce de marginal en chemise à carreaux, ça peut vraiment donner quelque chose de cool. Une sorte de mélange entre 1984 et Terminator qui avait un potentiel de malade mais qui finit par n'être qu'une petite déception.

En fait, ce film m'a fait comprendre que j'avais un problème avec le travail de Carpenter. Dans ce film, j'ai pu retrouver des défauts présents dans d'autres productions ( notamment Prince des Ténèbres, The Fog et Le Village des Damnés) et ainsi vraiment mettre le doigt sur ce qui me gênait.


Déjà, que vous soyez fan du film ou non, il y a une chose que vous ne pouvez pas nier : c'est beaucoup trop court. C'est à peine creuser, et il manque au moins vingt bonnes minutes au film pour pouvoir créer un univers vraiment profond. Car oui, c'est bien sympa de pouvoir placer des messages politiques contre le capitalisme mais si la toile de fond est vide alors les messages ne reposent sur pas grand chose ! Pourquoi des extraterrestres envahissent-ils la Terre ? Pourquoi asservissent-ils les humains avec de la propagande ? Pourquoi certains humains acceptent-ils d'aider les aliens ? Comment-ont été fabriqué les lunettes qui permettent de voir les fameux aliens ?

Je veux bien qu'il faille garder du mystère et qu'il ne faut pas expliquer le moindre détail, mais là j'ai l'impression d'avoir vu une version raccourcie du film !


C'est toute la narration qui est défecteuse, certaines scènes ne servent à rien ou sont trop longues, comme la scène de la bagarre par exemple. Et en ce qui concerne les moments de révélation et de suspense, je trouve qu'ils sont mis en scène de manière plutôt sobre, ça manque un peu de grandiose par moment.

Les relations entre les personnages sont bizarres, ils passent d'ennemis à meilleurs potes en deux secondes et en quelques coups de poings, et à part le protagoniste, aucun des autres personnages n'est vraiment introduit ou creusé, ce ne sont même pas des stérétoypes ! Ce sont juste des personnages qui sont là comme si ils devaient être là à cause d'une routine !


En ce qui concerne la réalisation et la mise en scène, c'est sympa, les décors gris de L.A sont bien exploités.

La musique est correcte, dommage qu'elle soit pas très variée et qu'elle devienne lassante à la longue.


Malgré les reproches que j'ai pu faire, il y a bien des choses que j'ai apprécié, des éléments qui me donnent envie d'aimer le film (même si ce n'est qu'un petit peu).


L'acteur principal déjà, Roddy Piper joue très bien le héros reaganien en mode second degré. Ses répliques cinglantes à la Schwarzy ont leur petit effet et sa tenue à la MacGyver vaut dix fois le costume du T-800. D'ailleurs la mort du personnage me rappelle un peu la scène du pouce dans Terminator 2. Le seul soucis de ce protagoniste, c'est qu'on sent que Carpenter a voulu le rendre aussi culte que le robot du film de James Cameron en le bourrant de catchphrase se voulant badass et facile à ressortir entre une soirée pizza et un tournoi de cartes Yu-Gi-Oh!.


I have come here to chew bubblegum and kick ass…and I'm all out of bubblegum.

Comme je l'ai dit au début, l'idée de base me plaît beaucoup, le délire complotiste pourra en faire grincer des dents certains mais je trouve qu'e ça ne vire pas trop au grotesque, alors ça va. Le design des extra-terrestres est simple mais mémorable, avec leur tête de viande hachée aux yeux globuleux.

En fait je pense que si le film avait eu un ton plus comique, ça aurait largement rendu le tout plus digeste. Faire une sorte de Last Action Hero à la sauce Nouvel Ordre Mondial, ça aurait même pu être digne d'un épisode de Rick et Morty.

Ah et au passage, si vous voulez voir (ou revoir) ce film, fuyez la VF à tout prix. Les phrases cultes ont été massacrées et une voix off récite bêtement tous les messages subliminaux écrits en anglais. Insupportable.


Bref, même si ce film ne m'a pas transcendé, je ne peux avouer qu'il a eu un petit effet quand même. Dommage qu'on ait tendance à s'ennuyer et que la narration soit si bancale ! En tout cas, cette histoire m'a donné envie d'acheter une paire de lunettes de soleil...et de mâcher du chewing-gum.

Créée

le 27 août 2022

Critique lue 34 fois

4 j'aime

Arthur Dunwich

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