Ça pour oser, il fallait oser ! Raconter l'itinéraire d'une grand-mère décidant de branler des hommes dans un club privé afin de payer l'opération de son petit-fils malade, ce n'est pas donné à tout le monde ! Heureusement, si Bertrand Blier aurait probablement fait de cette histoire un récit aussi nauséeux que scabreux, Sam Garbarski préfère lui la sobriété et l'élégance, permettant à « Irina Palm » de séduire d'emblée. Il est d'ailleurs surprenant de voir l'équilibre très convaincant réussi par le réalisateur, entre tendresse et détails parfois « croustillants », sans jamais tomber dans le choquant ou la provocation. Pourtant, par moments j'avoue avoir eu peur : l'idée de départ a beau être remarquable, on a peur que le film tombe rapidement dans une routine légèrement barbante, ce que laisse d'ailleurs entrevoir certaines scènes.
Mais c'était sans compter sur un scénario ingénieux et capable de se renouveler habilement, faisant la part belle à des personnages surprenants, parmi les plus beaux qu'une œuvre « sociale » nous aie offert ces dernières années. Difficile évidemment à ce titre d'ignorer la remarquable prestation de Marianne Faithfull, jamais là où on l'attend et vraiment inoubliable dans le rôle-titre, sans pour autant écraser les seconds rôles, souvent très justes. A noter enfin qu' « Irina Palm » est aussi une histoire d'amour, sans doute parmi les plus improbables de l'Histoire du 7ème art, et à laquelle Garbarski parvient pourtant à nous faire croire, à l'image d'un dénouement réussi. Bref, une magnifique surprise que cette réjouissante entreprise, évitant avec brio nombre d'écueils et curieusement presque optimiste : un vrai coup de cœur.