« I've successfully privatized world peace. » IRON MAN

En 2008, Iron Man marque un tournant majeur pour le cinéma de super-héros. Produit par MARVEL Studios, ce film lance le Marvel Cinematic Universe (MCU), une franchise interconnectée de films qui deviendra un phénomène mondial. Avec son mélange de scènes d'action spectaculaires, d'humour mordant et de thèmes plus sérieux sur la responsabilité et la rédemption, Iron Man séduit un large public et récolte plus de 580.000.000$ au box-office mondial. Le succès critique et commercial du film établit les bases du MCU et introduit un univers cinématographique ambitieux.

Toujours en 2008, The Incredible Hulk, réalisé par Louis Leterrier et interprété par Edward Norton dans le rôle de Bruce Banner, sort comme le deuxième opus du MCU. Malgré l'ambition de raconter une histoire d'origine révisée et de mieux intégrer le personnage dans un univers partagé, le film déçoit. Avec un ton inégal, un scénario banal et des effets visuels déjà datés, The Incredible Hulk n'atteint pas le même succès que Iron Man, peinant à s'imposer comme une pierre angulaire du MCU. Bien que le film laisse quelques éléments pour le futur de la franchise, comme l'apparition de Tony Stark dans la scène post-générique, il reste l’un des maillons faibles du MCU.

En 2009, The Walt Disney Company rachète MARVEL pour environ 4.000.000.000$, une acquisition stratégique qui ouvre de nouvelles perspectives pour les deux géants du divertissement. Avec ce rachat, Disney met la main sur un vaste catalogue de personnages emblématiques, ainsi que sur le MCU. Cette alliance permet à MARVEL Studios de bénéficier des ressources colossales de Disney en termes de distribution, marketing et production, tout en conservant une autonomie créative sous la direction. Le rachat marque le début d'une expansion exponentielle du MCU qui va tout de suite annoncer Iron Man 2.

Jon Favreau, réalisateur de Iron Man, revient à la réalisation poursuivant son rôle clé dans l’établissement des fondations du MCU. Son retour est marqué par une ambition accrue : approfondir l’histoire de Tony Stark tout en élargissant l’univers avec de nouveaux personnages comme Black Widow et Nick Fury.

Le scénario est confié à Justin Theroux, connu pour son travail sur Tropic Thunder, une comédie déjantée dans laquelle Robert Downey Jr. avait brillé et obtenu une nomination aux Oscars. Ce choix n'est pas un hasard : RDJ, impressionné par la plume de Theroux, recommande son implication pour donner au film une tonalité dynamique et humoristique qui correspond à l'esprit du personnage de Tony Stark. Sous les conseils de RDJ, Justin Theroux travaille à intégrer à la fois l’arrogance charmante de Stark et les éléments plus sérieux liés à ses luttes personnelles, tout en s’efforçant de poser des bases solides pour l’expansion du MCU.

En 2010, Iron Man 2 arrive en salles avec la lourde tâche de maintenir l'élan du MCU sous la houlette de Disney.

Mon reproche majeur face à ce film est sa densité excessive, conséquence directe de son rôle dans la construction du MCU. Le film s’efforce d’intégrer une multitude d’éléments : l’évolution de Tony Stark face à sa mortalité, l’introduction de Black Widow, le conflit avec Justin Hammer et Ivan Vanko, et des pistes sur le projet Avengers via Nick Fury. L’histoire est surchargée, avec des arcs narratifs parfois sous-développés ou en compétition les uns avec les autres, ce qui dilue l’impact émotionnel et narratif. Cette approche boursoufflée donne un film qui peine à trouver une identité claire, oscillant entre drame, comédie, action et exposition pour l’univers global, me laissant perdu dans ce que je suis censé suivre ou ressentir.

Robert Downey Jr. reprend son rôle de Tony Stark avec le même charisme et la même intensité que dans le premier opus, incarnant un héros aussi brillant qu'imparfait. Cette fois, Stark est confronté à une triple menace : son propre corps, empoisonné par le palladium qui alimente son cœur artificiel ; la pression de défendre les États-Unis en tant que Iron Man face à des ennemis technologiques ; et les révélations troublantes sur le passé de son père, Howard Stark, impliqué dans la création du SHIELD et la rivalité avec la famille Vanko. Ce cocktail dramatique aurait suffi à construire une histoire riche et profonde, mais le film noie ces enjeux centraux dans un trop-plein d’intrigues secondaires et d’expositions liées à l’expansion du MCU. Stark, qui lutte déjà avec des problèmes d’identité et de santé, se retrouve submergé par des éléments qui diluent la force émotionnelle de son arc narratif.

Le film élargit considérablement l’univers du MCU en introduisant plus en détail le SHIELD, l’organisation secrète qui servira de lien central pour rassembler les Avengers. Samuel L. Jackson revient en Nick Fury, renforçant son rôle après une apparition dans la scène post-générique du premier opus, et Clark Gregg reprend son rôle d’Agent Coulson, qui gagne ici en importance. Cependant, la véritable nouveauté est l’arrivée de Black Widow, interprétée par Scarlett Johansson. Infiltrée sous couverture en tant qu’assistante de Stark, elle dévoile progressivement ses talents d’espionne et de combattante, ajoutant un mélange de mystère et de puissance féminine au film (faisant énormément d’ombre à Pepper Potts). Si ces éléments enrichissent l’univers global, leur intégration dans l’histoire déjà complexe de Tony Stark alourdit la trame narrative, donnant parfois l’impression que le film sacrifie son intrigue centrale pour poser les bases des films Avengers.

Tony Stark se heurte à Ivan Vanko, alias Whiplash, interprété par Mickey Rourke, un antagoniste motivé par la vengeance. Vanko cherche à restaurer l’honneur de son père, dont la collaboration avec Howard Stark aurait été éclipsée, provoquant sa ruine. Si cette histoire promettait une rivalité poignante entre Stark et Vanko, elle peine à se concrétiser en raison du manque de développement du personnage de Whiplash, qui reste un méchant unidimensionnel malgré la présence de Rourke. Parallèlement, Sam Rockwell incarne Justin Hammer, un rival industriel de Stark qui, bien qu'ambitieux, s’affirme davantage comme un comic relief que comme une menace sérieuse. L’alliance de Hammer avec Vanko pour construire une armée de drones et humilier Stark ajoute un conflit intéressant sur le papier, mais l’exécution manque d’impact. Cette dynamique entre méchants souffre d’un déséquilibre, Hammer étant trop clownesque et Vanko insuffisamment charismatique, ce qui affaiblit l’intensité dramatique du film.

L’un des autres ajouts est l’introduction de War Machine, alias Rhodey, incarné par Don Cheadle, qui prend la relève de Terrence Howard, l’acteur du premier film. La décision de remplacer Howard, qui avait des demandes salariales jugées trop élevées, a surpris les fans, mais Cheadle réussit à s’imposer dans le rôle avec une dynamique différente, mais tout aussi convaincante. Dans ce film, Rhodey, ami de Tony Stark, devient le pilote d'une armure similaire à celle d'Iron Man, le War Machine, après un affrontement avec Stark. Bien que son rôle reste secondaire dans cet opus, la présence de War Machine annonce clairement l'évolution de Rhodey en tant que personnage clé du MCU, ouvrant la voie à un partenariat plus stratégique avec Iron Man dans les films suivants.

Les personnages de Pepper Potts, interprétée par Gwyneth Paltrow, et de Happy Hogan, joué par Jon Favreau (le réalisateur), se retrouvent relégués à des rôles plus discrets, malgré leur importance dans le premier film. Pepper, qui était au cœur de l’intrigue personnelle et professionnelle de Tony Stark, apparaît ici davantage en soutien, son rôle se limitant à la gestion de Stark Industries. De son côté, Happy Hogan, qui faisait une apparition plus marquée en tant que chauffeur et garde du corps de Stark, devient presque invisible, en grande partie éclipsé par l’arrivée de nouveaux personnages comme Black Widow.

Stan Lee fait une apparition en tant que caméo, fidèle à sa tradition d'apparaître dans les films adaptés de ses créations.

La bande-son, composée par John Debney, qui avait déjà collaboré avec Jon Favreau sur Elf et Zathura : A Space Adventure, manque d'originalité surtout au regard des attentes suscitées par un film de super-héros d'envergure. Sa partition manque de la signature mémorable qui aurait pu l’élever au même niveau que celle du premier opus. Le contraste est encore plus frappant avec la présence de morceaux emblématiques de ACDC, mais avec l’absence de Back in Black.

Malgré son ambition de développer le MCU et d'enrichir l'univers de Tony Stark, le film souffre d'une surcharge d'éléments qui finit par le rendre confus et dispersé. Avec trop d’intrigues secondaires, de personnages et d'introductions pour des films futurs, le film peine à se concentrer sur l'essentiel et à offrir une expérience cinématographique marquante. La musique ne parvient pas à dynamiser l'ensemble, la photographie et la mise en scène, quant à elles, manquent de l'originalité et de l'impact visuel qui auraient pu élever le film. L'absence de cohérence entre les différentes parties du film, l'absence de moments mémorables en dehors de quelques scènes d’action, conduit à une impression générale de fouillis, où l'on ressort avec l'impression que malgré l'ajout de nombreux éléments, peu d'entre eux réussissent à vraiment marquer les esprits.

Le film n'arrive pas à surmonter les faibles attentes créées par The Incredible Hulk, souvent considéré comme l'un des maillons faibles du MCU. Si Iron Man 2 bénéficie d'une plus grande notoriété grâce à la popularité de Tony Stark et de Robert Downey Jr., sa surcharge d'intrigues et de personnages nuit à son efficacité, ce qui le rend moins fluide et moins impactant que son prédécesseur.

Iron Man 2 se révèle être un film en demi-teinte, coincé entre la nécessité de développer le MCU et les attentes d'un film de super-héros captivant. Malgré la performance toujours brillante de Robert Downey Jr. et l'introduction de personnages clés pour l'avenir de la franchise, le film souffre de la surcharge d'intrigues, de personnages mal développés et d'une mise en scène qui ne parvient pas à dynamiser l'ensemble. Les choix musicaux et visuels, bien que efficaces par moments, n'arrivent pas à compenser le manque de cohérence et la dispersion narrative. Si Iron Man 2 parvient à poser certaines pierres essentielles pour l'édifice du MCU, il reste un épisode frustrant et moins marquant que d'autres films de la saga, laissant le spectateur avec l'impression que, malgré ses ambitions, il n'atteint pas le niveau escompté.

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le 3 déc. 2024

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Steven Benard

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