Véritable thriller sur la paranoïa plus que film d'horreur comme lequel il a été (faussement) vendu, It Comes At Night est un film qui fait confiance à son spectateur pour se concentrer sur les éléments qui l'intéressent. Mieux, il fait le pari que cela sera suffisant à nous immerger dans un microcosme où les peurs humaines seront disséquées. Pari réussi avec brio pour ma part.
Dès le tout début, où le postulat de base post-apocalyptique du huis clos sera tout juste brièvement expliqué sans être au cœur de l'intrigue, il est clair que le film ne cherchera jamais à verser dans le mélodrame ou le genre catastrophe, il ne cherchera donc jamais la facilité. Il y aura bien deux-trois jumpscares ici et là afin de justifier un minimum le contenu du trailer, mais ça s'arrête là. Comme les meilleurs films d'épouvante - puisqu'il faut tout de même évoquer un minimum ce genre en critiquant ce film -, la plupart des scènes effrayantes ne passent que par la suggestion.
Mais ce qui compte vraiment, c'est que le film a un message. Un message simple, sans doute déjà écrit des tas de fois et en plus poussé, certes (It Comes At Night ne durant que 1h30), mais sûrement pas de la façon dont It Comes At Night nous le sert : aussi brutalement, en l'enrobant le moins possible de tout biais cinématographique. En fait, le scénario est même peu fourni, les personnages attachants principalement grâce aux acteurs, mais légers dans l'écriture, et les dialogues minimalistes...
Alors si tant est que le pari a fonctionné et que le spectateur est immergé, la suite est gagnée : c'est un film authentique qui repose entièrement sur notre doute et notre peur pour ce qui s'y déroule, avant de nous la faire resurgir dans son acte final et de nous faire méditer là-dessus. Le film n'accomplit pas beaucoup de choses à part ça, mais cette unique chose qu'il fait, il le fait avec une précision chirurgicale.
N'écoutez donc pas votre instinct face à toute la promotion du film vous invitant à venir dans une salle pour être terrorisé-e par ce qui se cache dans l'ombre. Dans ce film, la seule chose qui "vient la nuit" qui est suffisamment effrayante pour en faire tout son propos, ce n'est pas une quelconque bête ensanglantée ou autre esprit frappeur. La seule chose qui ne se révèle qu'une fois la nuit tombée, ce n'est rien d'autre que la peur exacerbée de l'être humain dont la survie est menacée, et ce qu'elle peut pousser à faire faire...