Avertissement bienveillant au lecteur : le présent texte est émaillé de « spoilers » et autres « divulgâcheurs ». Pour ceux que cela gênerait et qui préféreraient voir le film avant d’en découvrir quelques enjeux majeurs, il est conseillé d’arrêter la lecture tout de suite.
It Comes At Night raconte l’histoire de quelque chose qui doit arriver, ou, plus précisément, d’un phénomène qui se manifeste pendant la nuit d’une manière précise. « It Comes At Night » : une rencontre à laquelle on ne peut échapper. Le titre du film, et les images qui filtraient avant sa sortie, promettaient un condensé de peur primale autant qu’une rencontre inconfortable avec l’horreur. Mais qu’est-ce qui est censé se produire durant la nuit ? À quel phénomène les personnages sont-ils confrontés ? Dans un futur apocalyptique où un étrange virus a contaminé l’humanité, Paul, Sarah et leur fils Travis vivent reclus dans leur maison perdue au milieu d’une forêt. Ils finissent par recueillir une autre famille avec laquelle des tensions, doublées par la peur d’être infectés, vont vite apparaître. Des interprétations très différentes du film, qui s’y prête d’ailleurs très bien, ont été depuis lors été proposées. Certains y voient le rappel brutal de la violence innée de l’espèce humaine. En plein chaos, les hommes se replient sur eux-mêmes et seule compte désormais la survie du noyau familial dans un monde retourné à l’état sauvage. D’autres plaident pour la « fable politique » qui mettrait en scène la petite famille américaine (de surcroît républicaine) devant affronter l’arrivée sur son territoire de l’étranger, au sens propre et figuré du terme. La critique du mode de vie américain et de l’usage des armes à feu est ici au centre de l’argument. D’autres encore évoquent le deuil : les morts ne nous laissent jamais tranquille, la peur de l’autre et de soi, ou encore la critique d’une figure patriarcale oppressante trouvant dans le virus mortel qui menace l’humanité une métaphore de son pouvoir de destruction. Mais aucune de ces interprétations de It Comes At Night ne semble répondre au mystère premier que son réalisateur, Trey Edward Shults, aborde avec une grande patience et une cohérence esthétique inébranlable : Comment ce qui hante l’esprit se présente à l’être tourmenté ? Comment cette présence invisible surgit-elle au regard, et donc à la conscience, de celui qui est pris en chasse par les démons ?
Retrouvez l'article intégral et illustré, « Hantologie de la Frontalité : du Surgissement des Démons dans "It Comes At Night" », en libre accès, sur Le Rayon Vert – Revue de Cinéma en ligne