It must be heaven a pour seul défaut le revers de l'une de ses grandes qualités : si son approche fondamentalement métaphorique lui permet d'éviter le côté parfois rébarbatif des pensum géo-politiques, elle laisse planer une espèce de flou vaporeux qui met un peu le sujet à distance, si bien que l'on se demande par moments ce qu'a voulu raconter Suleiman.
Mais la scène chez le médium, qui tourne autour d'une interrogation aussi simple qu'essentielle, replace l'évidente question palestinienne au cœur du film, dont on revisite alors mentalement certains passages avec des clés plus lisibles. Et la poésie engagée de l'acteur-réalisateur n'en paraît que plus belle.
Très drôle (la séquence d'ouverture et celle avec les frangins sévères dans le bar, les visions savoureusement caricaturales de Paris et New-York...), rythmé par une myriade de plans fixes admirablement composés, mis en lumière par une photographie impeccable, et évidemment porté par la figure de Suleiman en pur héritier du burlesque tendre de Tati, avec son double quasi muet qui observe l'absurdité du monde et les espoirs qu'il y place (émouvante séquence finale où la jeunesse palestinienne danse devant lui son insouciance rêvée) ; on ne s'étonne pas que ce film délicat, culotté, imaginatif et évocateur ait été salué par le jury cannois.