Cher zombie,
Peut-être que je devrais t'appeler différemment ?
? ? ? ? ? ... ? Cher, ... Cher Ruben, ah ah, en plus ça fait chérubin, ça me rappelle que... Non pas maintenant, il est trop tôt.
Cher Ruben, cher Rubs même c'est mieux, petit sobriquet pour montrer à quel point cette proximité nous a rapproché.
Cher, Rubs,
Ca fait maintenant plusieurs jours que tu me suis comme mon ombre dans ce désert aride. Tes copains et toi vous avez foutu la merde pire que des manifestants de la LPPDMPLBADP (ligue pro peine de mort pour les bourreaux d'animaux domestiques poilus). Las Vegas est tombée et avec elle une bonne partie du rêve américain. Franchement, je ne sais pas d'où t'es sorti, comme par magie, claudiquant sur la seule route traversant le sable et la caillasse, mais toi, ta sale gueule cramée et boursoufflée par le soleil et ton costard Wish, vous avez bien ruiné nos plans. Tu pouvais pas nous laisser tracer mon boyfriend et moi vers notre porte de salut ? Mais non, y'a fallu que tu te pointes pile quand j'avais envie de gerber. Et dire que si je n'avais pas mélangé cocaïne et vodka, je serais peut-être tranquillement assise dans un avion pour le Mexique à sniffer des lignes de coke en sirotant une liqueur de patates. Merde ! Qu'est-ce que la vie est mal faite !!!
Enfin de quoi je me plains, j'suis vivante AH AH AH AH !!! Et toi t'es qu'une nécrose ambulante bonne à lécher des Tampax usagés pour tenir ! Chacun sa came mon Rubs. Tiens je m'arrêterais bien pour me refaire une ligne moi. Tu veux bien me laisser 30 secondes de répit ? Hein ? Non ? T'es comme tous les autres de toute façon. C'est mon corps que tu veux Rubs ? Y'a que ça qui t'intéresse hein ? Putain pas foutu d'aligner 2 mots. Ca fait des heures que tu t'exprimes en onomatopées, on se croirait revenu à l'âge de pierre. De pierre ? Mais oui. Des pierres !! On est dans le désert, y'a des cailloux partout. Et si je t'en lançais deux ou trois assez fort dans la gueule, j'ai peut-être une chance ? Au pire, ça me défoulera, tu prendras pour tous les autres gros lourds paternalistes qui voulaient faire de la harpe avec mon string.
Ben tu vois, même pas. Ca m'a juste fait repenser à Maurice, mon p'tit gars, quand lui et moi on s'amusait à faire des ricochets. Ben oui, je t'ai pas dit Rubs mais j'suis une maman. Bah ouais, difficile à croire que j'ai expulsé 3 kilos 5 de ce corps de rêve hein ?! Putain d'obsédé va. Aaaahhhh... Mon p'tit Maurice...
Non non non non !! Mon rêve c'est pas la maternité, c'est le Mexique ! Maurice il est bien mieux avec sa famille d'accueil fortunée et équilibrée. Ils vont le protéger de tes congénères eux. J'ai survécu à un scorpion, au viol de deux évadés de prison racistes, à une tempête de sable, à des militaires au cerveau quasi aussi fertile que le tien, à une morsure qui m'a couté un doigt et à cette putain de randonnée en chaussures à talons dans le désert alors s'il te plait Maurice, vient pas foutre en l'air toutes les raisons de ce film. C'est vers ma liberté que je marche, ma liberté de femme, ma liberté de penser...
Putain qu'est-ce que ça tape ce soleil !
Mais ? Mais ? Nooooooon. AH AH AH. Regarde Rubs, c'est l'aérodrome, ouiiiiiiiiiiiiiii. J'aurais même pas à boire ma propre urine. AH AH AH. J'suis désolé Rubs mais je peux pas t'emmener. Bah oui, les autres verraient pas ça d'un bon oeil que j'ai sympathisé avec les responsables de la fin du monde. Non, me fait pas ces yeux là, on dirait presque qu'il reste un peu d'humanité sous cette carcasse puante. Arrêteuh. Tu sais que ça me met le cœur en confettis. Je sais que tu voulais me bouffer au début mais y'a un truc qui s'est créé entre nous, on ne peut pas le nier. Je peux pas te laisser là jusqu'à la fin des temps. Faut que je te libère avec ce bon gros cailloux qui va ricocher sur ta face. Adieu Rubs et merci de m'avoir toujours poussé un peu plus vers l'avant. C'est grâce à toi que je verrais le Mexique.
Ricocher ? Maurice. Non, c'est vrai, y'a Maurice. Je ne peux pas partir sans lui dire au revoir petit bonhomme. Un petit coup de tel vite fait et après j'y vais.
- Allo mon Maumau, c'est maman !
- Maman gentille ?
- Non l'autre, maman qui t'a abandonné.
- Maman n°2 !! [pleure] Je suis sous le lit maman n°2, j'ai peur.
- Calme toi Maumau. Calme toi. Et arrête de m'appeler n°2 c'est blessant. J'ai eu ma dose de déconvenue pour le reste de ma vie. Bon et tes riches de parents de substitution, ils sont où ?
- Je sais pas maman n°2, euh maman, ils ont commencé à se manger l'un l'autre au petit déjeuner alors qu'on est végan. J'ai paniqué, j'ai pris mes Chocapic et j'ai couru dans ma chambre pour m'enfermer. J'ai renversé du lait partout dans les escaliers. Viens m'aider maman. Viens vite.
Je savais que j'aurais pas du appeler putain. Je le savais.
- Ecoute mon chéri, maman t'aime mais là, maman est beaucoup trop loin. Maman va partir pour toujours ok.
- Nooon, maman, ne m'abandonne pas encore, mamaaaaan, noooooooooonnnn...
- Ok, ok, calme toi, je rigole, je rigole. Respire. T'es vraiment une chochotte comme ton père toi hein.
- Bon, reste planqué, je saute dans une petite décapotable rouge et j'arrive. Ok mon Maumau ?
- Snif, oui maman. Oui. Je t'aime.
- Moi aussi je t'aime mon bichon.
Clic.
Mais qu'il est con ce gosse.
C'est bon Nick, lance les moteurs, on peut y aller.